Depuis bientôt trois décennies, Newman enchaîne les productions sans aucun réel faux pas. Le Britannique a su imposer une identité très marquée, s’appuyant sur un sens aigu de la mélodie envoûtante ainsi que sur une voix relativement grave et aisément reconnaissable. Pour son quatorzième opus studio, toujours épaulé par son compère Rob McEwen à la batterie, le multi-instrumentiste tente d’apporter de nouvelles nuances à sa musique, ce qu’il souhaite présenter comme de la couleur dans le son.
"Colour In Sound" débarque donc avec l’intégration de notes électroniques en grand nombre, ce qui a pour premier effet de renvoyer Newman vers des territoires AOR dont il avait tendance à s’éloigner depuis quelques années pour des contrées plus hard mélodique. Une pièce telle que ‘In Euphoria’ penche même vers une Westcoast aérienne malgré quelques légères saillies guitaristiques. La chanson titre mêle quant à elle des effluves new-wave, et synth-pop avec sa batterie trigger, alors que l’introduction de ‘Games’ semble sortie d’un album de Depeche Mode. Voilà qui risque de déstabiliser quelques amateurs du duo anglais, même si cela traduit une réelle prise de risque ainsi qu’une belle remise en question artistique.
Pourtant, l’identité de Newman est toujours évidente avec cette capacité à constamment sortir une mélodie accrocheuse mais ne sombrant jamais dans une trop grande simplicité, ainsi qu’un refrain hyper accrocheur. Lorsqu’il n’est pas trop chargé d’atours électro, l’AOR est d’une grande élégance (‘Afterglow’, ‘Can’t Stop Falling’), alors que le hard-mélodique de ‘Wake Of The Wanderlust’ ou de ‘War Against The Mind’ fait regretter qu’il ne soit pas présent en plus grand nombre. Nous noterons également l’originalité d’un ‘Cascaded’ alternant couplets AOR-électro-pop et refrain hard mélodique et catchy. Enfin, la ballade ‘Who Holds You’ mérite également l’écoute avec son duo voix-claviers montant délicatement en intensité.
Avec "Colour In Sound", Newman s’est rarement montré aussi déstabilisant, même si l’incorporation massive de notes électroniques ne défigure pas son identité pour autant. Il est vrai que le chanteur maitrise de plus en plus son art et qu’il est doublé d’un guitariste qui enchaîne les soli finement ciselés tels des perles lumineuses. Il reste à savoir si le Britannique envisage de poursuivre dans cette voie ou si cet opus ne restera qu’une expérimentation visant à faire évoluer son savoir-faire.