Ce qui distingue vraiment "Dystopies", c'est la capacité à tisser des récits où l’imaginaire se mêle à la réalité, le tout mis en lumière par des compositions plus abouties et plus complexes qu'il n'y parait. Le chant de Laurent Fabisz, notamment, a fait un bond en avant. Sa prestation plus nuancée et chargée d’émotion donne une profondeur inédite aux textes, qui osent s'aventurer dans des terrains encore inexplorés par le groupe (le limite growl de 'In Vivo'). Il ne s’agit plus seulement de riffs accrocheurs (le talentueux Nico Pellissier) et de refrains puissants ('Renaissance') : il y a désormais une dimension presque théâtrale qui émerge, portée par une narration immersive (le titre d'ouverture 'Memento Mori').

Musicalement, Antechaos affine encore son identité avec des morceaux comme 'Mission Sirius' ou 'Le Siècle des Lumières', qui parviennent à capter cet équilibre délicat entre puissance brute et mélodie ciselée. Les riffs sombres et percutants servent de toile à des textes qui dénoncent les faux prophètes et l’hypocrisie des vertus affichées dans une société en pleine dérive. Le groupe démontre une maîtrise dans l’art de lier des thématiques actuelles à un univers musical puissant, sans jamais perdre cette essence brute qui fait leur force et se traduit par une très bonne approche musicale et rythmique (le superbe enchaînement électrique et acoustique de 'Métarvers' notamment, le rappel à Dream Theater dans 'Rédemption' rappelant 'The Astonishing').