Reprenant un rythme de croisière de sortie régulier depuis le début de cette décennie, le groupe mené par Jon Courtney se présente sans Chloë Alper qui, après avoir déclaré une première fois forfait lors de la tournée qui a suivi la publication de "Above Circus" en raison d'une part de son travail mais aussi de son implication au sein de James, est cette fois-ci absente du line-up du groupe, et remplacée comme sur les précédents concerts par Annicke Shireen. Autre arrivée notable, celle d'un certain Guy Pratt à la basse, éminent musicien à qui nous ne ferons pas ici l'injure de rappeler le pédigrée, tandis que Bruce Soord et son acolyte Jon Sykes (Pineapple Thief) viennent également apporter leur coloration à l'ensemble.
Avec ce nouvel opus, le groupe explore une part très personnelle de la vie de son leader, initiée à la base par la perte de son fidèle compagnon à quatre pattes, ouvrant la voie à une plus vaste réflexion introspective en lien avec la notion de disparition. Musicalement, "Coming Up to Consciousness" s'articule autour de huit plages principales, assorties de cinq très courts interludes censés apporter du liant et de la cohérence pour proposer une œuvre si ce n'est conceptuelle, à tout le moins homogène.
Et l'homogénéité est effectivement ce qui va distinguer cette nouvelle production, avec des ambiances cohérentes de bout en bout, initiées par cette coloration floydienne typique qui ouvre les débats de 'Dig Till you Die', avant de laisser la place à des effluves jazzy, une magnifique basse chantante et un premier chorus qui était et reste la marque de fabrique du groupe, chorus que l'on retrouve à de nombreuses reprises, et plus particulièrement dans le final enthousiasmant proposé par 'As We Disappear'.
Les voix mixées de Jon Courtney et Annicke Shireen se mêlent à merveille, que ce soit en alternance de voix principale, en duo ou en chœur ('The Gallows'), laissant régulièrement la place aux sections instrumentales souvent envoûtantes, notamment lorsqu'elles développent un côté planant affirmé. Mais au-delà des accointances certaines de Jon Courtney avec David Gilmour, quelques riffs de guitare viennent empiéter sur les plate-bandes d'un certain The Edge ('Worship'), ou peuvent s'avérer bien tranchants ('Useless Animal' et 'Worship' aux forts accents de Porcupine Tree). Le tout est porté par une excellente session rythmique, au sein de laquelle s'illustrent bien évidemment notre bassiste de référence et son jeu limpide et précis, mais également un Ravi Kesavaram de gala derrière les fûts.
Après 42 minutes avalées d'une seule traite, l'auditeur ravi ne peut que constater que Pure Reason Revolution vient de lui proposer un formidable album de rock progressif, au sens noble du terme, assumant avec bonheur l'héritage des grands anciens tout en illuminant l'ensemble d'une modernité confondante. "Coming Up to Consciousness" serait-il le meilleur album du groupe à ce jour ? Le débat est ouvert.