ARTISTE:

STEVEN WILSON

(ROYAUME UNI)
TITRE:

THE OVERVIEW

(2025)
LABEL:

BURNING SHED

GENRE:

ROCK PROGRESSIF

TAGS:
Concept-album, Epique, Mélancolique, Planant
"Avec "The Overview", Steven Wilson signe une odyssée cosmique ambitieuse, mêlant recherche musicale, émotion brute et réflexion existentielle, pour livrer son album le plus brillant depuis "Hand.Cannot.Erase"."
NEWF (07.03.2025)  
5/5
(2) Avis des lecteurs (2) commentaire(s)

Steven Wilson n’aime pas se répéter. Il l’a souvent dit et il l’a toujours prouvé dans sa carrière solo, quitte à laisser certains de ses nombreux fans dubitatifs quant à son évolution musicale. Si, à trop vouloir intellectualiser sa musique, il en a déçu plus d’un avec "The Harmony Codex", reconnaissons que l’album marquait un tournant après une période amorcée par "To The Bone", et perpétuée avec "The Future Bites", pendant laquelle il a couru désespérément après la reconnaissance du grand public. Une reconnaissance qu’il estimait, à juste titre, méritée, mais qui n’est jamais vraiment arrivée. Porté par une vie de famille maintenant stabilisée et par la sagesse due aux années qui passent, il a donc commencé à s’éloigner de cette ambition narcissique avec le lénifiant "The Harmony Codex", et il semble en avoir définitivement fait son deuil avec "The Overview".

Deux morceaux-fleuves, pas de single, un thème vertigineux sur l’immensité de l’univers et la place dérisoire que l’Humanité y occupe, ce nouvel album est une déclaration d’amour au concept-album, aux longues pièces épiques, et surtout à ce que la musique peut offrir quand elle ose encore prendre son temps. "The Overview" est une odyssée cosmique, fortement influencée par la vision de l’espace vertigineuse de Stanley Kubrick dans "2001, l’Odyssée de l’Espace".

Tout est parti d’un déjeuner. Une conversation anodine avec son ami Alex Milas (fondateur de Space Rocks) autour de l’astronomie et de la musique. Steven Wilson a été subjugué par sa découverte d’un phénomène fascinant : "l’effet de vue d’ensemble" ("The Overview"). Ce moment de révélation que vivent les astronautes lorsqu’ils contemplent la Terre depuis l’espace, réalisant soudain l’absurdité des préoccupations humaines face à l’harmonie silencieuse de l’univers. Mais l’album ne se contente pas de raconter cette révélation, il nous la fait vivre, avec, contre toute attente, une musique profondément organique et, à l’exception de certains brefs passages, très peu électronique, en tout cas beaucoup moins que ce qu’avait fait, sur le même thème, Jet Black Sea avec "The Overview Effect".

"The Overview" est un album pensé comme un voyage, pendant lequel l’auditeur assiste à une succession de scènes musicales parfaitement agencées et très cohérentes lorsqu’elles sont prises dans leur ensemble. Le premier titre ‘Objects Outlive Us’ de 23 minutes, nous accroche dès les premières secondes avec cette voix spectrale flottant dans le vide, ces nappes de synthé et ces cordes en apesanteur, avant qu’une succession de passages musicaux de haut vol et parfaitement composés nous entraine dans un périple totalement immersif. Sur des paroles ciselées d’Andy Partridge (XTC), Steven Wilson explore le contraste saisissant entre l’infiniment grand et l’infiniment trivial, entre l’insignifiance des choses qui nous obsèdent et la beauté froide du cosmos, illustrée notamment par un magnifique solo de guitare, tout en tension, de Randy McStine.

Le titre ‘The Overview’, de 18 minutes, prend, quant à lui, une autre direction musicale. Plus intimiste, plus contemplatif, il décrit l’immensité de l’espace, les galaxies, les trous noirs et les merveilles du cosmos, énumérées par Rotem Wilson (l’épouse de Steven) lors d’un passage rappelant d'anciens morceaux comme ‘Perfect Life’ ou ‘Staircase’. Les quelques incursions électroniques et les subtils arpèges de piano confèrent à ‘The Overview’ une beauté mélancolique, hypnotique, presque anxiogène, sublimée par le saxophone planant de Theo Travis qui tisse des paysages sonores d’une beauté glaciale. L’auditeur n’a plus alors qu’à se laisser dériver dans l’espace, seul, sans espoir de retour, en écoutant la magnifique coda instrumentale suspendue dans l’immensité du vide.

Avec "The Overview", Steven Wilson refuse toute forme de facilité et combine toutes ses appétences musicales, du rock atmosphérique au metal en passant par le post rock et bien sûr le rock progressif. Ce magnifique album est à écouter impérativement d’une traite. Il réclame du temps et du calme pour être apprécié, et accessoirement, comme toujours avec le Britannique, une bonne paire de casques. Mais le jeu en vaut cent fois la chandelle. Certains y entendront des clins d’œil appuyés à Pink Floyd, d’autres des réminiscences de "The Sky Moves Sideways" ou de "The Raven That Refused To Sing". Mais la vraie force de l’album, c’est qu’il ne ressemble qu’à du Steven Wilson, celui que nous avions un peu perdu depuis "To The Bone", et bon sang, ça fait du bien.

"The Overview" conjugue à merveille recherche musicale, émotion brute et réflexion existentielle, et évite l’écueil du prog prétentieux qui plombe souvent ce genre d’exercice. Steven Wilson ne signe pas seulement son album le plus brillant depuis "Hand.Cannot.Erase.", il livre une œuvre qui, dans quelques années, fera office de référence indiscutable dans sa discographie.


Plus d'information sur https://stevenwilsonhq.com





LISTE DES PISTES:
01. Objects Outlive Us - 23:00
02. The Overview - 18:30

FORMATION:
Adam Holzman: Claviers
Craig Blundell: Batterie
Nick Beggs: Basse
Randy Mcstine: Guitares
Steven Wilson: Chant / Guitares / Claviers / Percussions
Rotem Wilson: Chant / Invité
   
(2) AVIS DES LECTEURS    
MOULOUCHE
12/03/2025
5
  0 1  
1/5
Cela fait déjà deux albums que Wilson nous fait du grand n'importe quoi. A vouloir se renouveler à chaque fois,on arrive à rien. Où sont les bons album d'y a 10 ans avec des instruments, cohérents. Là 41mn, c'est un peu court, de sons incolores et absence de mélodie. Passez votre chemin et retournez écoutez The Raven That Refused To Sing
CALGEPO
11/03/2025
  0 2  
3/5
L’annonce d’un retour au progressif par Steven Wilson a naturellement mis en émoi les fans de la première heure. Après plusieurs années passées à explorer des terrains plus pop et électroniques, le Britannique semblait renouer avec ses racines en proposant un album conceptuel ambitieux, inspiré par "l’effet de vue d’ensemble" (The Overview Effect), cette prise de conscience que ressentent les astronautes lorsqu’ils contemplent la Terre depuis l’espace, réalisant soudain l’absurdité des préoccupations humaines face à l’immensité du cosmos.

Si le sujet a de quoi faire rêver, il n’est pas inédit dans le monde du rock progressif. Le groupe Jet Black Sea avait déjà abordé cette thématique avec 'The Overview Effect', un album qui plongeait dans des atmosphères progressives et cinématographiques pour retranscrire cette sensation vertigineuse d’insignifiance face à l’univers. Dès lors, "The Overview" de Steven Wilson se devait de proposer une approche originale pour se démarquer. Malheureusement, à l’écoute, on a plus l’impression d’un patchwork d’idées et d’influences familières que d’une véritable œuvre novatrice.

Sur le papier, tous les ingrédients semblaient réunis : seulement deux longs morceaux propices à des évolutions progressives, un travail sur les atmosphères spatiales et une dynamique taillée pour l’écoute en vinyle. Pourtant, malgré son ambition, l’album donne rapidement l’impression d’une œuvre qui se repose sur des acquis plus qu’elle ne cherche à innover. Il y a ici une volonté de retrouver une forme de narration musicale immersive, mais l’exécution manque d’audace et laisse une sensation de déjà-vu qui dilue son impact.

Le premier titre, 'Objects Outlive Us', pièce-fleuve de 23 minutes, débute par une voix en falsetto que Wilson affectionne particulièrement depuis quelques albums, flottant au-dessus d’une instrumentation éthérée. Très vite, une énumération mécanique prend place, dans la droite lignée de 'Personal Shopper', où seule la batterie parvient à réellement capter l’attention grâce à des subtilités rythmiques bien senties. La structure du morceau enchaîne les passages attendus : une mélodie pop anglaise accrocheuse, suivie d’un segment plus éclaté et déconstruit, avant un retour à une séquence mélodique, puis une coda instrumentale qui aurait pu constituer un climax marquant, mais qui finit par s’effacer dans des nappes ambient. Tout s’enchaîne avec fluidité, mais sans surprise. L’évolution du morceau, pourtant ample, semble trop balisée pour réellement captiver.

Le second titre, 'The Overview', prend une direction plus électronique et contemplative, se rapprochant des sonorités explorées par Wilson dans ses derniers travaux avec son épouse. On retrouve ici une atmosphère qui évoque "Hand. Cannot. Erase" ('Perfect Life') qui rencontrerait 'The Harmony Codex'., mais en moins narratif et en plus abstrait. Si les textures sonores sont léchées et le travail sur l’espace sonore remarquable, l’ensemble peine à décoller, donnant parfois l’impression d’un morceau qui flotte sans jamais atteindre une véritable intensité émotionnelle. Il faut attendre le final pour voir apparaître des influences jazz-rock proches de "Grace for Drowning", avec un saxophone aérien et des harmonies plus complexes. Un passage intéressant, mais qui arrive peut-être trop tard pour renverser l’impression d’un voyage trop statique.

Avec "The Overview", Steven Wilson semble hésiter entre renouer avec ses racines progressives et poursuivre son exploration sonore plus contemporaine. L’ambition conceptuelle est bien présente, et la qualité de production indéniable, mais l’album manque de cette étincelle qui faisait la force de ses meilleures œuvres. Contrairement à "The Raven That Refused to Sing" ou "Hand. Cannot. Erase"., qui prenaient aux tripes par leur narration et leurs contrastes marqués, "The Overview" laisse une impression plus distante, presque introspective à l’excès.

Pire encore, on ne peut s’empêcher de ressentir une certaine mécanique dans la démarche, comme si Wilson avait en partie composé cet album pour répondre aux attentes d’une frange de son public plutôt que par une réelle nécessité artistique. Cette impression d’un disque "sur commande" flotte en arrière-plan, renforcée par cette structure en deux longs morceaux et cette approche conceptuelle qui semblent vouloir cocher toutes les cases du progressif moderne sans pour autant lui insuffler un véritable souffle nouveau.

Si certains y verront un retour à une forme de progressif pur, d’autres regretteront un manque de prise de risque et une sensation de recyclage. Il ne s’agit pas d’un faux pas, mais plutôt d’un disque qui intrigue plus qu’il ne bouleverse. Un album à écouter d’une traite, dans de bonnes conditions, mais dont l’empreinte s’efface plus vite qu’espéré. Peut-être le prix à payer pour un voyage où l’itinéraire semble déjà tracé d’avance.

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(2) COMMENTAIRE(S)    
 
 
GROS BIDON
14/03/2025
 
1
0
Je viens d'écouter le nouvel album de Steven Wilson, The Overview et je suis exactement du même avis que CALGEPO. C'est un album très décevant quand on connait le potentiel de Steven Wilson et la qualité du travail qu'il fait sur la restauration du patrimoine musical Progressif
CORTO1809
11/03/2025
  1
Je ne sais pas encore si "The Overview" sera pour moi le chef d’oeuvre décrit par Newf ou la demi-déception ressentie par Calgepo, mais ça me donne furieusement envie de découvrir cet album.
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LECTEURS:
3/5 (2 avis)
STAFF:
4/5 (3 avis)
MA NOTE :
 
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