Pour rédiger une chronique approfondie sur le dernier album d'Aldebert, "Helldebert", il convient de le situer dans une perspective plus large qui embrasse à la fois son passé musical et ses récentes explorations créatives. Aldebert, artiste au parcours éclectique, entame sa carrière dans le metal avant de s'orienter vers la chanson française traditionnelle puis se consacrer pleinement aux compositions destinées au jeune public avec sa collection "Enfantillages". Cette initiative, à l'origine envisagée comme un projet secondaire, devient un pilier de sa carrière grâce à un succès grandissant et à son plaisir évident à créer pour les plus jeunes.
Avec "Helldebert", Aldebert fusionne son amour de jeunesse pour le metal avec son expertise dans ce domaine spécifique. Ce projet, qu'il considère comme la réalisation d'un rêve, présente un album de metal destiné à la fois aux enfants et à leurs parents. Ce choix audacieux dénote une volonté de ne pas simplifier ou édulcorer le genre. Au contraire, il parvient à garder l'essence brute et énergique du metal, tout en l'adaptant à un contexte familial. Un équilibre qui s'avère périlleux surtout dans une industrie où le metal a de moins en moins de visibilité médiatique.
Le caractère unique de cet album se reflète également dans la variété et la notoriété des invités qui l'accompagnent. Des figures emblématiques de la scène metal comme Max Cavalera (Sepultura) et son fils Igor Amadeus, Johan Hegg (Amon Amarth), et Serj Tankian (System Of A Down), Ultra Vomit, aux côtés d'artistes divers comme Yarol Poupaud, M, et Gautier Serre (Igorrr), tous contribuent à ce que l'album résonne avec authenticité et diversité. Amélie Nothomb, écrivaine et fan de Tool, apporte également sa touche, illustrant l'ampleur et la variété des collaborations.
Les thèmes de "Helldebert" abordent des problématiques à la fois universelles et actuelles telles que le harcèlement scolaire dans 'Le Cartel des Cartables' (plutôt thrash), l’insouciance de l'enfance dans 'Les Derniers Pirates' (viking metal), et les leçons de l'histoire souvent ignorées par les adultes dans l'attachant et oriental 'La Marche Du Monde', l'émancipation et l'affirmation de soi ('La Sorcière'). Ces sujets sérieux, même s'ils semblent enfoncer des portes ouvertes, sont traités avec maturité, permettant à Aldebert de s'adresser efficacement à un public de tous âges. L'album intègre également des moments de respiration plus mélodiques comme la ballade acoustique nostalgique 'Ça Vaut des Points' et la transformation humoristique de 'Super Mamie' en 'Super Momie' (avec un petit passage à la Extreme) deux gimmicks récurrents de ces "Enfantillages".
Musicalement, l'album ne se cantonne donc pas au metal extrême; il inclut des morceaux plus doux pour équilibrer l'intensité, comme les chansons rock 'Guitar Héro' et 'Rock'N'Roll'. L'humour, une constante dans cette collection, trouve sa place avec des titres comme 'La Princesse' sans aucune concession musicale (le meilleur titre de l'album). Cette polyvalence stylistique rappelle le groupe Ultra Vomit, connu pour son approche décalée et diverse de la musique.
"Helldebert" est un album sans compromis, où Aldebert s'exprime pleinement, risquant d'en déstabiliser certains mais pariant sur le fait d'en captiver beaucoup d'autres, notamment les enfants curieux et leurs parents ouverts. L'album semble prêt à rencontrer son public avec comme apothèose sa présence à l'inauguration du Hellfest Kids cette année, célébrant ainsi le lien indélébile entre Aldebert et le metal, un genre qui continue de résonner avec les grands enfants qui composent son public incluant les metalleux que nous sommes.