JON ANDERSON: True (ROCK PROGRESSIF) : avis / chronique à lire sur Music Waves

A un âge où de nombreuses personnes jouissent d'une retraite ô combien méritée, à l'âge où nombre de ses confrères ont jeté l'éponge, et après avoir réglé ses soucis de santé qui lui valurent une exclusion brutale de son groupe iconique, Jon Anderson poursuit sa quête à la fois musicale et spirituelle à l'occasion de la sortie de son nouvel opus, sobrement baptisé "True". Pour ce faire, l'homme à la voix en or s'est associé à un combo de musiciens talentueux, rencontrés par hasard à la suite d'une interprétation d'un classique yessien ayant littéralement bluffé notre octogénaire, l'occasion rêvée pour celui-ci de revenir à ses premières amours, et de se plonger dans la réalisation d'un album que "Yes auraient pu faire si nous étions restés ensemble".

Si la discographie de Jon Anderson se révèle parfois inégale, l'entame de cette nouvelle production nous (re)plonge immédiatement dans les grandes heures de Yes. Semblant tiré de "The Ladder", 'True Messenger' ouvre ainsi cette petite heure musicale avec un son et une production très soignés, mettant notamment en valeur la guitare d'Andy Graziano qui se glisse sans peine dans les habits de Steve Howe, tandis que Richie Castellano assure des parties de basse que n'aurait pas renié le titulaire historique du poste dans le groupe.

Le voyage musical évoquant les différentes périodes du groupe se poursuit ainsi, avec 'Shine On' et ses atours tirés de la période "Big Generator" / "Union", sur fond de basse en fusion, tandis qu'un premier titre épique ('Counties and Countries') génère un optimisme contagieux, avec un chant on ne peut plus lumineux subtilement mis en valeur par des orchestrations splendides portées par des musiciens talentueux en diable. Les harmonies vocales sont superbes, tout comme le mariage parfait entre guitare et claviers.

Pièce phare de l'album, 'Once Upon a Dream' développe durant plus de seize minutes tout ce que l'amateur de Yes est en droit d'attendre d'un tel héritage. Débutant par un récitatif fortement inspiré de "Tales From Topographic Oceans" montant tout doucement en pression, cette magnifique plage enchaîne de nombreux thèmes et variations rythmiques avec une cohérence toujours présente qui fluidifie chaque passage d'une partie à l'autre. L'occasion une nouvelle fois de souligner la capacité phénoménale des instrumentistes à se couler dans les habits yessiens, sans jamais rougir de la comparaison avec leurs glorieux aînés, tandis que Jon Anderson semble avoir retrouvé la voix de ses 20 ans (ou presque). La simple écoute rythmique du duo basse/batterie a de quoi contenter plus d'un amateur de rock progressif, tandis que les mélodies semblent d'une évidence folle. Incontestablement, cette plage peut être à placer aux côtés des plus grands titres de Yes.

Cette folle production se termine par un titre typiquement andersonien, rappelant ses travaux avec Vangelis, morceau dont le titre résume toute l'espérance qu'il porte, aussi bien dans son contenu que dans son évocation musicale qui emporte l'auditeur dans une quiétude toute particulière, à ponctuer par quelques instants de silence pour une imprégnation totale.

Avec "True", Jon Anderson nous offre un voyage rétrospectif mais jamais nostalgique dans l'histoire de Yes. L'album que tout amateur du groupe attend depuis trop longtemps, celui que l'incarnation actuelle de la marque n'est plus en mesure de produire.

JON ANDERSON

TRUE

FRONTIERS RECORDS

ROCK PROGRESSIF