Retour sur un grand du mouvement gothique. Parrainé par Brendan Perry (Dead Can Dance), Clan Of Xymox avait enregistré deux albums de cold wave mélancoliques ("Clan Of Xymox" 1985, "Medusa" 1986, qui avaient inspiré Robert Smith pour "Disintegration" avant de s'orienter - pour le plus grand malheur de ses fans - vers une voie plus électro-techno sous le nom de Xymox. "Hidden Faces" sorti en 1999 signait la résurrection du groupe qui renouait avec une veine gothique encore plus jouissive qu'antan. Roony Moorings, son indéboulonnable leader et maître à penser, sort avec régularité depuis quelques années des albums qui s'ils ne renouvellent pas la formule offrent de nouveaux voyages immersifs dans l'obscurité.
Le nom scandé d'un célèbre opposant - mort en prison - au régime russe ouvre ce dix-huitième album studio du Clan. Les landes sinistres, les châteaux hantés poussiéreux, ce n'est pas seulement ce qui intéresse Roony Moonings. Le précédent album "Limbo" traitait sans voile du Covid, la thématique de celui-ci se concentre sur la perte de l'individualité dans un monde violent, et le propos des Néerlandais est assez éloquent. Le début plonge immédiatement dans une eau noire et froide qui renoue avec la fameuse cold wave des années de gloire et se place directement dans la continuité des précédents efforts. La voix mélancolique et implorante de Roony Moorings semble planer tel un fantôme sur des compositions aux guitares rouillées qui ne laissent pas de place à la franche rigolade. L'urgence de 'I Always Feel The Same' côtoie la froideur de 'I Can See Miles Across'.
Sans bouleverser son esthétique récente, le groupe renoue un peu avec l'esprit aventureux qui était le sien au début des années 2000. L’anxiogène et lourd 'Blood Of Christ' révèle un gothique flamboyant tout comme le martial 'X-Odus' qui lorgne vers l'indus- il est d'ailleurs dommage de ne pas avoir proposé davantage de titres dans ce registre. L'instrumental 'Arcanus' dévoile une grandeur atmosphérique cinématographique (qui reprend la mélodie de 'Fear For A World At War'). C'est sur une image ensoleillée et nostalgique que se conclut cet album avec un 'Once Upon A Time' émouvant.
"Exodus" apparaît assez réussi malgré quelques redondances et une baisse de régime sur 'We Are Who We Are' qui manque un peu d'épaisseur et de conviction. Roony Moorings, qui a souhaité garder le même cap depuis plusieurs décennies, continue à mener sa barque vaille que vaille malgré les cris d'orfraie qui lui reprochent d'avoir oublié de désactiver le mode pilotage automatique. Pas totalement injustifiées, ces critiques oublient toutefois l'essentiel : la musique de Clan Of Xymox peut pénétrer très profondément dans l’âme et ces pièces d'un puzzle éclaté révèlent avant tout une véritable vision personnelle qui mérite d’être approfondie.