Trois ans après son premier album, Dornfall décide pour son second album, de nous livrer un « Précieux Secret ». Pour nous faciliter la tâche, ce secret nous est confié en français, dans un registre heavy métal à tendance progressive. En effet, on peut reconnaître un certain parfum prog à ce métal français de bonne facture : cette coloration progressive se retrouve dans la structure et la mise en place des morceaux, respectant une bonne dose d’alternances d’ambiances, tantôt agressives, tantôt mélancoliques… Mais l’aspect progressif reste léger compte tenu de la composition du line-up, caractéristique du heavy métal, n’intégrant pas de clavier.
Au niveau du style, Dornfall fait donc dans le métal français. Ce que l’on remarque tout de suite, c’est la très bonne mise en place exécutée par les musiciens du groupe. L’album présente de bons arrangements avec des sonorités plutôt modernes, bien travaillées pour fournir un véritable mur du son, puissant et assis sur un parterre de riffs bien lourds.
Ça, c’est pour les points forts. Du côté des points faibles, on y trouve principalement la voix : en effet, celle-ci elle est assez dichotomique… Elle est tantôt énergique, tantôt « molle ». Le chanteur sait très bien mettre de la dynamique et de la présence en envoyant un grain chargé en gravier mais lorsqu’il calme ce trait pour s’aventurer dans des ambiances mélancoliques, la voix perd tout son charme et on tombe dans une grande banalité. Cette faiblesse se fait bien sentir sur le refrain de « Bastet » où le chant dispose d’une super énergie et d’un très joli grain sauf dans les fins de phrases où la puissance retombe pour faire place à une intonation trop faible et nasillarde, desservant le titre…
Par ailleurs, l’album présente également quelques clichés comme des titres sonnant à la manière des légendaires balades heavy qui ont fait les lettres de noblesse des plus grands groupes de hard des années 80. Dornfall n’échappe pas à cette règle avec des titres comme « Sans Regret » ou « Endiablé ». Ce n’est pas dans ce registre que le groupe se révèle prometteur !
Parmi les titres que l’on distingue, on remarquera plus particulièrement « Bastet » (malgré les précédentes remarques faites concernant la voix), « 300 » et « Hypathie ». Certains passages feront notamment penser à « No One Is Innocent », « Lofofora » ou bien « RATM » pour les parties les plus pêchues. Les riffs sont souvent accrocheurs et les titres sont très accessibles.
Au final, « Précieux Secret » est un album bien produit, dans un registre métal français qui ne révolutionnera pas le genre mais qui révèle néanmoins des points forts chez ce groupe disposant d’un bon potentiel. Le principal défaut de l’album réside dans le déséquilibre vocal entre les passages énergiques et les passages plus lents (où la légèreté des textes ne compense pas : terrible exercice que celui de chanter en français). Allez, il y a encore des choses à corriger pour faire un troisième album laissant moins de place à certains clichés du genre et affirmant davantage le style Dornfall.