SEETHER: The Surface Seems So Far (ROCK ALTERNATIF) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Longtemps perçu comme un héritier lointain des fondateurs du grunge comme Nirvana et Pearl Jam, Seether a su depuis ses débuts s’approprier les codes du genre tout en y injectant une touche plus moderne, entre post-grunge et alternative rock. Cependant, au fil des albums, cette filiation originelle semble s'être diluée, perdant progressivement l'essence brute et imparfaite qui faisait l’attrait du grunge. Déjà, leur dernier album "Si Vis Pacem, Para Bellum" et l’EP suivant trop polissés avaient commencé à perdre de cette saveur.

C’est donc avec beaucoup d'attentes que "The Surface Seems So Far" est arrivé, et si certains espéraient un rebond créatif pour le groupe, la réponse est quelque peu mitigée. L'album, né dans un contexte post-pandémique, semble avoir poussé le groupe à réévaluer sa formule, avec des choix plus réfléchis mais manquant parfois d’instinct. Ce qui en ressort est un travail sombre et introspectif, parfois trop bien maîtrisé au détriment de l'énergie brute qui a fait leur réputation.

L’aspect alternatif domine désormais largement sur l'esthétique post-grunge, et cette évolution, bien que compréhensible, rappelle d’autres groupes comme Pearl Jam, et peut-être même la trajectoire que Nirvana aurait suivie si le destin n'en avait décidé autrement. Le morceau d'ouverture, 'Judas Mind', incarne parfaitement cette ambivalence, avec des cris qui semblent plus relever du clin d'œil nostalgique que d’une véritable nécessité émotionnelle. À l’instar de 'Illusion' ou 'Try To Heal', on se retrouve face à des compositions bien faites mais qui peinent à surprendre.

Cela étant dit, Seether n’a pas perdu tout son mordant. Les arrangements sont soignés, et la production met en lumière des riffs incisifs et une rythmique changeante, capable de passages soudainement fulgurants, comme dans 'Dead On The Vine'. On sent que le groupe a encore des idées, même si l'exécution manque parfois de ce grain de folie, cette imperfection qui rendait leurs premiers albums si vivants.

Le groupe n'a jamais été étranger à une certaine dualité entre introspection et rage, mais ici, tout semble trop contrôlé, trop calculé. "The Surface Seems So Far" flirte souvent avec des idées intéressantes, mais finit par tomber un peu à côté. Cependant, il serait prématuré d'enterrer le groupe six pieds Seether. L’album, bien que trop lisse par moments, montre encore qu’ils peuvent surprendre, à condition de retrouver ce grain de spontanéité qui manque à cette production.

SEETHER

THE SURFACE SEEMS SO FAR

UNIVERSAL

ROCK ALTERNATIF