KYLE DANIEL: Kentucky Gold (ROCK) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Si "Kentucky Gold" est son premier album, Kyle Daniel n’est pas un débutant pour autant. Le bonhomme fréquente les scènes du sud des Etats-Unis depuis de nombreuses années, ayant tenu le poste de guitariste au sein de différents combos dont Clare Dunn avec lequel il a eu l’occasion d’ouvrir pour Bob Seger. Six-cordiste talentueux et chanteur à la voix élevée au bourbon, il s’est lancé dans une carrière solo depuis 2018, le temps de montrer l’étendue de ses qualités et de convaincre des pointures telles que Jaren Johnston (The Cadillac Three), Brian Elmquist (The Lone Bellow) et Mike Krompass de l’assister dans la production de son premier opus ainsi que dans l’écriture de quelques titres. Dans le milieu du southern-rock, plutôt réputé pour ses formations que pour des artistes en solo, voici des références qui semblent devoir convaincre les plus réticents que le natif de Bowling Green mérite que l’on y porte un minimum d’attention.

Et le fait est que ce "Kentucky Gold" risque de faire date dans le landernau sudiste tant son auteur y fait preuve de facultés au-dessus de la moyenne et d’une identité aussi forte que kaléidoscopique. Car si Kyle Daniel a clairement été biberonné aux harmonies guitaristiques du Allman Brothers Band dans sa jeunesse (‘Me And My Old Man’), si ZZ Top et les Black Crowes ont participé à son éducation musicale (‘Fire Me Up’), et s’il ne partage pas que ses origines du Kentucky avec Black Stone Cherry (‘Can’t Hold Me Back’), son spectre musical va bien au-delà des seules frontières du southern-rock. La country n’est jamais très loin, que cela soit au-travers d’un ‘Runnin’ From Me’ dont le boogie est illuminé par des éclairs de slide, ou de la participation de Kendell Marvel dont la voix grave renforce les brumes de chaleur du fédérateur ‘Southern Sounds’.

Le heartland-rock fait lui aussi partie des paysages parcourus, en particulier lors d’un crépusculaire ‘Following The Rain’ qui aurait largement eu sa place sur le "Nebraska" de Bruce Springsteen. L’influence du Boss se retrouve également au sein de paroles profondes et engagées. A ce titre, la ballade ‘Devided We Are’ vient clôturer ce voyage avec un chant-piano émouvant et captivant, regrettant les divisions de la société américaine avant de s’envoler sur son final avec une montée en intensité évoquant l’espoir de jours meilleurs. Si nous ajoutons à tout cela une touche soul apportée par l’intervention de Maggie Rose sur ‘Fire Me Up’, ou distillée sur un ‘A Man Like That’ au refrain martelé et stimulant, le rock’n’roll endiablé d’un ‘Summer Down South’ partagé avec les membres de The Cadillac Three, ou le superbe duel de guitares entre Kyle et Sara Zimmerman (Striking Matches) sur ‘Everybody’s Talkin’ ’, nous avons un panorama presque complet des décors traversés tout au long des douze étapes de cet album.

Avec "Kentucky Gold", Kyle Daniel nous offre un voyage au travers du sud des Etats-Unis, par lequel il sera difficile de ne pas être profondément marqué. Varié mais toujours intense et sincère, cet opus impose directement son auteur au statut de grand espoir d’un genre actuellement en plein renouveau. D’un génie aveuglant et d’une personnalité déjà fortement affirmée, voici un artiste qu’il va falloir suivre de près pendant que cette première œuvre va longuement squatter les écouteurs de tous les amateurs du style.

KYLE DANIEL

KENTUCKY GOLD

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ROCK