Beardfish est un jeune groupe suédois qui a déjà fait parler de lui avec son deuxième album « The Sane Day », paru en 2006, leur premier chanté en anglais. Ce quartet, mené par le chanteur, songwriter et multi-instrumentiste Rikard Sjöblom est très productif car il nous revient en 2007 avec « Sleeping in Traffic : Part One ». Une deuxième partie est évidemment prévue pour finir de traiter de dichotomies telles que le jour/nuit, la lumière/obscurité, les rêves/réalité… Ne vous fiez pas à leur nom prêtant à sourire. Ce groupe, récemment signé chez Inside Out, a acquis une maturité musicale qui tranche radicalement avec la jeunesse apparente du groupe !
Beardfish, dont le line-up a connu certaines perturbations, évolue principalement autour des compositions de Rikard. Celles-ci se classent dans le registre d’un excellent rock progressif profondément teinté de couleurs seventies grâce à une utilisation exclusive d’instruments vintages : synthés analogiques ARP, légères overdrive et fuzz…
Servies par une très bonne production qui met superbement en valeur la vibration et la chaleur des instruments vintages, les mélodies d’une rare beauté se succèdent dans des progressions divertissantes. Outre la coloration vintage du son, on notera également l’expressivité du chant qui apporte une dimension émotive indéniable aux compositions. Les pièces sont complexes dans leur structure mais relativement accessibles car très bien arrangées et cohérentes. Les musiciens ont ingéré et digéré les recettes classiques du prog pour nous les resservir transcendées. Tous les morceaux recèlent ainsi leur petit lot de trésors, que ce soit au niveau du son, des superpositions de couches instrumentales, des changements d’ambiances et se déroulent avec beaucoup de fluidité. C'est ainsi avec surprise que l'on constate la fin de l’album alors qu'une heure est passée.
Au titre des influences, on fera facilement le parallèle avec Zappa, King Crimson, Gentle Giant et Deep Purple. Parmi les productions plus récentes, on pourra aussi parfois comparer le groupe à Porcupine Tree, Kaipa ou encore Mars Volta.
Cet album est une très belle découverte. Ne dit-on pas que la valeur n’attend pas le nombre des années ? BeardFish confirme ce proverbe et nous démontre que les groupes à barbe connaissent toujours le succès. A tous les amateurs de prog (que je crois nombreux parmi les visiteurs de MW), sensibles aux sonorités seventies, cet album est incontournable !