THUNDERMOTHER: Dirty & Divine (HARD ROCK) : avis / chronique à lire sur Music Waves

En 2023 alors que l’ambiance paraissait au beau fixe au sein de Thundermother, la taulière Filippa Nässil décidait de renvoyer la chanteuse Guernica Mancini après six bonnes années de bons et loyaux services, flanquée de Mona Lindgren (basse) et de Emlee Johansson (batterie) qui l’ont suivie par solidarité pour former The Gems. Certes le quatuor suédois avait déjà connu en 2017 un important nettoyage de printemps, sans compter plusieurs changements intervenus depuis au poste de bassiste, mais le chambardement survenu il y a un peu plus d’un an est d’une toute autre importance car Guernica s’était imposée comme la voix emblématique de Thundermother dont elle a participé à l’essor à partir de sa troisième rondelle éponyme.

Il n’était donc pas si évident qu’il s’en remette facilement, même si la guitariste a toujours été considérée comme l’incontestable patronne du groupe dont il est le bébé. Mais c’était sans compter sur la farouche ténacité de Filippa qui, entourée de nouvelles (la chanteuse Linnéa Vikström et la cogneuse Joan Massing) et ancienne (la bassiste Marjsan Lindberg) recrues, revient plus déterminée que jamais. Plus inspirée surtout.

Composé en quelques jours et capturé dans des conditions live sous la houlette du fidèle producteur danois Søren Andersen, "Dirty & Divine" se nourrit clairement de cette envie d’en découdre, d’une volonté de revanche peut-être aussi, comme un majeur dressé contre ceux qui doutaient de la capacité de Thundermother à se relever, à survivre au remplacement des trois quarts de ses effectifs. A ce sujet, la chanson ‘Dead Or Alive’ claque comme une déclaration. A peine plus de trente petites minutes lui suffisent pour balayer d’un revers de riff féroce ces doutes injustifiés. Dynamo vivante, Filippa n’a rien perdu de sa hargne sautillante qui lui dicte des saillies poissées d’un jus cradingue, à l’image de ‘So Close’, vicieux en diable.

Sans surprise, les Suédoises n’ont pas viré leur cuti, toujours couvertes par l’ombre prégnante d’AC/DC (‘I Left My License In The Future’), qu’elles ne cherchent d’ailleurs pas à gommer. Pour autant, l’évolution vers un hard (plus) mélodique typiquement années 1980, qui affleurait déjà sur "Black And Gold", se confirme, comme si la tournée avec Scorpions avait laissé des traces. ‘Can’t Put Out The Fire’, ‘Speaking The Devil’ ou ‘Feeling Alright’, remplis de chœurs et refrains fédérateurs illustrent ce glissement sucré qu’il ne faut pas confondre avec de la mièvrerie.

Il suffit d’ailleurs de s’envoyer dans les cages à miel le rugueux et sauvage ‘Take The Power’, théâtre d’une performance haut perchée de Linnéa Vikström qui s’époumone avec une joyeuse fureur. S’il est encore trop tôt pour affirmer qu’elle rivalise avec sa devancière, celle qui a accompagné en live Kamelot et Therion s’en tire très honnêtement dans un registre teigneux qu’on ne lui connaissait pas.

Alors que nous étions nombreux à douter de sa capacité à se relever, le groupe revient régénéré, plus en forme(s) que jamais. Combien de temps durera ce nouveau line-up ? L’histoire nous le dira. En attendant, dirty et divine, les Thundermother assurent et rassurent, et c’est le principal.

THUNDERMOTHER

DIRTY & DIVINE

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