SWALLOW THE SUN: Shining (DOOM) : avis / chronique à lire sur Music Waves

"Moonflowers était tellement dur, physiquement et mentalement, à écrire et à jouer en tournée qu’une voix intérieure m’a dit : ‘Si tu veux continuer, il va falloir te ménager, sinon tu vas te tuer. " Voilà comment Juha Raivio présente "Shining", nouvel album de Swallow The Sun faisant suite à deux opus gravés dans la douleur de la perte de l’être cher. Il est indispensable de prendre conscience de cet état psychologique du principal compositeur du désormais quintet finlandais si l’on veut comprendre ce nouvel album. En effet, "When A Shadow Is Forced Into The Light" et son successeur avaient happé leurs amateurs dans des abysses aussi captivants que déchirants, laissant des traces au plus profond des âmes et des chairs.

Avec "Shining", la formation de Jyväskylä laisse enfin entrer une lumière blafarde permettant à la mélancolie de remplacer doucement le désespoir. Bien sûr, il n’est pas question d’une musique festive, et Swallow The Sun continue à développer son art sombre, mais il le fait en se redressant après avoir exploré les gouffres d’une détresse extrême. Pour remonter vers la surface, Juha Raivio a partagé la production avec Dan Lancaster (Bring Me The Horizon, Muse…), ce dernier apportant des nuances gothiques au doom-death du groupe qui a perdu Jaani Peulu depuis sa dernière œuvre discographique. Ainsi, les singles ‘Innocence Was Long Forgotten’ et ‘MelancHoly’ surprennent avec des refrains accrocheurs inhabituels mais particulièrement réussis.

Si la voix claire domine de plus en plus les lignes de chant, Mikko Kotamäki n’hésite néanmoins pas à basculer vers des growls ou des hurlements traduisant plus la souffrance que la colère et renforçant des contrastes qui apportent parfois une composante progressive. Des pièces telles que ‘Under The Moon & Sun’, ‘November Dust’ ou ‘Shining’ n’en sont que plus captivantes, jouant sur les changements d’atmosphères et d’intensité. Quelques saillies lourdes et cinglantes viennent cependant rappeler de temps à autres que, si la douleur s’apaise, elle n’a pas disparu pour autant (‘Kold’, ‘Charcoal Sky’), apportant un contrepoids à d’autres plages plus atmosphériques (‘Velvet Chains’ et son piano spectral).

Véritable miroir de ses deux prédécesseurs discographiques, "Shining" surprend tout autant qu’il captive, œuvre toujours obscure mais à travers laquelle luisent quelques rayons d’une lumière pâle et fascinante. Alternant une poésie gracieuse et fragile avec des hurlements de chagrin, ce nouveau voyage mélancolique voit son principal auteur apprendre à se pardonner à lui-même et à accepter l’absence de l’être aimé trop tôt disparu. Une nouvelle fois, Swallow The Sun laisse des traces profondes et indélébiles, rappelant qu’il est un groupe unique dont le talent et la créativité semblent définitivement inaltérables.

SWALLOW THE SUN

SHINING

CENTURY MEDIA RECORDS

DOOM