Le troisième album longue durée de Resuscitate marque un virage plus progressif dans la carrière du projet plus orienté deathcore par le passé. Publié en 2024, "Immortality Complex" représente sans aucun doute l’une des plus belles réussites de l’année dans le monde du metal progressif. Émanant de l’esprit créatif d’Evan Van Dyne, cet opus établit l’artiste comme un acteur essentiel de la scène actuelle, se démarquant par sa capacité à mélanger des influences diverses pour créer un son unique. L'album s'inspire des géants du genre, tels que Between the Buried and Me et TesseracT, mais n'est pas une simple réplique de ces influences. Au contraire, il parvient à forger une identité sonore qui lui est propre, en fusionnant des éléments de deathcore, de metal progressif et d’orchestrations ambitieuses.
Le morceau titre, 'Immortality Complex', illustre parfaitement cette quête d'originalité. Il débute par des riffs accrocheurs et se développe en un voyage musical captivant, où la dynamique vocale d'Evan Van Dyne se conjugue avec des solos de guitare saisissants. Le featuring de Max Mobarry, membre du groupe Others by No One, ajoute une dimension supplémentaire à la composition, enrichissant le dialogue musical entre les voix des deux artistes. La juxtaposition entre l'émotion brute des performances vocales et la complexité instrumentale crée un moment fort, faisant de ce titre l’un des meilleurs morceaux de l’année.
En revanche, l’album présente également des faiblesses, notamment dans le morceau 'The Great Filter'. Ici, Van Dyne s’aventure sur un terrain expérimental, intégrant des éléments de jazz : sections rythmiques swing et arrangements de cuivres. Bien que cette audace soit louable, elle peut dérouter les auditeurs habitués à un style plus homogène. Ce choix stylistique pourrait réjouir les fans de Native Construct, qui apprécient les explorations musicales, mais il risque également de frustrer ceux en quête d'une certaine cohérence tout au long de l’album.
Néanmoins, toute critique est rapidement balayée par le dernier titre, 'Reclamation', qui s’étend sur 19 minutes et clôt l'album de manière magistrale. Ce morceau incarne la quintessence de "Immortality Complex", oscillant entre des passages djent massifs et des orchestrations majestueuses. Le travail de DJ Martel et Jake Farhang sur les arrangements orchestraux confère une richesse sonore exceptionnelle, propulsant l'album vers une dimension presque cinématographique. Les transitions entre les différentes sections sont fluides, permettant à l'auditeur de s'immerger complètement dans cette épopée.
Les performances vocales d’Evan Van Dyne et Josh McKenney sont également dignes d’éloges. McKenney se distingue par ses voix claires et mélodiques, tandis que Van Dyne excelle dans l’alternance entre des growls puissants et des cris perçants. Cette dualité vocale rappelle les performances de vocalistes influents comme Spencer Sotelo de Periphery ou Geoffrey Ficco de The Faceless. Cette richesse vocale, couplée à une instrumentation dynamique, crée une atmosphère immersive qui capte l’attention de l’auditeur tout au long de l’album.
"Immortality Complex" est une œuvre magistrale qui séduira non seulement les amateurs de metal progressif et de deathcore, mais aussi ceux qui recherchent une expérience musicale enrichissante. Malgré quelques moments où l’expérimentation peut sembler maladroite, l’ensemble est brillamment exécuté et témoigne d’une grande maîtrise musicale. Evan Van Dyne et Resuscitate s’affirment ainsi comme des acteurs incontournables de la scène metal moderne. Cet album est sans conteste un incontournable de 2024 et mérite une place de choix dans la discographie de tout amateur de musique progressive.