Si "Eroded" dévoilait déjà les talents mélodiques du groupe, "Mesh" en est l’aboutissement. Chaque morceau se présente comme un maillon essentiel d’une chaîne solidement forgée, formant un ensemble aussi cohérent que captivant. Dès l’ouverture, la rythmique impose une intensité presque foudroyante, un coup de massue délivré avec finesse, rappelant l’assaut maîtrisé de TEMIC l’année dernière. Chez Lizzard, la musique repose sur des riffs massifs et des rythmiques acérées, sans se perdre dans l'excès de solos. Pourtant, malgré cette configuration minimaliste, l’album évite toute redondance, révélant une richesse de nuances à travers chaque titre.

L’un des points forts de "Mesh" réside dans ses contrastes. Lizzard navigue entre des atmosphères variées qui maintiennent l’attention de l’auditeur tout au long de l’écoute. ‘New Page’, par exemple, introduit une légèreté bienvenue avec une touche alternative qui rappelle l'esprit de Dredg. Ce souffle d’air frais offre un contrepoint aux morceaux plus énergiques comme ‘Black Sheep’, dont la dynamique évoque les structures à la A Perfect Circle. Le jeu de contrastes se poursuit avec 'Home Seek', qui calme la tension en douceur après la tempête sonore de 'Black Sheep'.

Mais là où "Mesh" se démarque vraiment, c’est dans sa capacité à lier ses morceaux avec une fluidité rare. Chaque titre semble faire partie d'une seule et même histoire, et les transitions, particulièrement entre 'Home Seek' et 'Mad Hatters', créent un lien naturel qui rend l'album cohérent et immersif. Ce souci du détail dans la composition permet à l'album de se dévoiler comme une expérience continue, une conversation musicale ininterrompue entre les membres du groupe.

Un autre aspect frappant de "Mesh" est la sensibilité qui s’en dégage, notamment à travers le titre 'Elevate', un morceau profondément émouvant qui aborde le thème du deuil avec une justesse rare. Loin de sombrer dans le pathos, 'Elevate' parvient à capturer la fragilité et la douleur de la perte, tout en laissant une place à l’élévation, au-delà du chagrin. Les mélodies y sont aériennes, presque éthérées, et la performance vocale touche juste, portée par une instrumentation délicate mais puissante. Ce morceau témoigne de la capacité de Lizzard à marier force et vulnérabilité, un équilibre qui contribue à faire de "Mesh" un album aussi touchant qu’incontournable.

L'approche progressive prend enfin toute son ampleur dans la seconde moitié de l’album, notamment avec les titres 'Mesh' (totalement instrumental), 'Minim', et le magistral 'The Beholder', une pièce de six minutes qui déploie des textures sonores riches et émouvantes. Là où d'autres groupes de rock progressif pourraient sombrer dans la surenchère technique, Lizzard reste fidèle à son style, chaque son pesé avec soin, créant une progression naturelle et maîtrisée.