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""Ainsi finit le jour" macère dans un jus survolté, terrain vague d’un art noir qui tire sa semence vindicative d’une société dévorée par tous les maux"
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3/5
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Si vous aimez le black metal avec des fleurs et de jolies mélodies dedans (une hérésie en soi), alors "Ainsi Finit le Jour" ne vous est clairement pas destiné. Car Sordide, c’est du crasseux, du fiévreux, embourbé dans une lèpre de béton, un carburant rageur et véhément qui coule dans ses veines. Bref, quelque part entre l’art noir originel, froid et grésillant, et le punk dans son urgence fielleuse et contestataire.
Sordide est un peu au black metal ce que "Dupont Lajoie" est au cinéma français des années 70, la radiographie d’un pays gangrené par le racisme ordinaire et la haine et la peur de l’autre. Engagé, chaque nouveau méfait est l’occasion pour le trio normand de prendre le pouls de la société française à un instant donné, société dont il brosse un portrait au noir et au vitriol. Le contexte politique et sociétal actuel paraît l’avoir particulièrement inspiré, comme le suggère le successeur des "Idées blanches" (2021), errance nauséeuse dans une France crépusculaire et polluée. Le chant bilieux qui râcle et les guitares maladives rongées par la rouille fournissent les scalpels taillant à vif des plaies depuis lesquelles se déversent un torrent d’immondices.
Déglingué, le tempo ne file jamais vraiment droit, gravitant toujours au bord de la rupture, le long d’un gouffre béant, intimité ténébreuse où bouillonnent les instincts, les pensées les plus vils. Résultat, "Ainsi finit le jour" est une saillie encrassée, aux remugles dégueulasses, qui inocule son venin obsédant, file très vite à travers des paysages de désolation bitumeuse qui pourraient être ceux d’une banlieue (rouge) à l’horizon bouché, coincée entre les murs, repoussée derrière une frontière aussi bien physique que mentale.
C’est moche mais c’est voulu, assumé par des musiciens qui puisent dans leurs réflexions et leur dégoût les boyaux d’un black metal qui ne peut qu’être sale et abrasif. Une inexorabilité prégnante poisse l’ensemble d’une croûte malveillante, témoin ‘Nos cendres et nos râles’ et ‘La beauté du désastre’, longues plaintes qui oscillent entre fièvre furieuse et contemplation morbide. La seconde, en particulier, étonne lors d’une dernière partie hypnotique et néanmoins malsaine.
Dans la droite et bonne lignée de ses prédécesseurs, "Ainsi Finit le Jour" macère dans un jus survolté, terrain vague d’un art noir qui tire sa semence vindicative d’une société dévorée par tous les maux. On sort de son écoute inconfortable comme après un uppercut dans la figure mais avec pourtant l’envie, le besoin de tendre l’autre joue.
Plus d'information sur
https://sordide.bandcamp.com/
LISTE DES PISTES:
01. Des feux plus forts 02. Nos cendres et nos râles 03. Le cambouis et le carmin 04. Sous vivre 05. Banlieues rouges 06. La poésie du caniveau 07. Ainsi finit le jour 08. La Beauté Du Désastre 09. Tout est à la mort
FORMATION:
Ian: Basse Nehluj: Chant / Guitares Nemri: Chant / Batterie
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