SOLSTAFIR: Hin Helga Kvöl (POST ROCK) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Nonobstant ses qualités indiscutables, le fait est que "Endless Twilight Of Codependant Love" n’apportait pas grand-chose de neuf dans la désormais longue carrière de Sólstafir, simple album de plus dans la bonne lignée de ses prédécesseurs. Les Islandais ont-ils senti qu’ils commençaient à se répéter, à ne plus vraiment évoluer ? Les quatre années de silence discographique qui ont suivi, délai entre deux disques anormalement long pour le groupe, peuvent en tout cas le laisser croire.

Et ‘Hin Helga Kvöl’, premier titre à être extrait il y a quelques mois de ce huitième effort, auquel il donne son nom, semblait d’ailleurs confirmer cette aspiration à se renouveler. Sans se départir d’une signature qui n’appartient qu’à lui, Sólstafir négociait ainsi dans ce morceau d’excellente facture et accompagné d’un clip ad hoc, une forme de retour (relatif) au black metal néanmoins irrigué de touches quasi doom. C’est donc peu de dire que cet apéritif met l’eau à la bouche, surtout après une si longue absence.

Mais est-il pour autant révélateur du reste de l’album ? Oui et non. Oui en ce sens où "Hin Helga Kvöl" voit enfin ses géniteurs quitter leur zone de confort et, ce faisant, nous surprendre. Mais non car cet album est tellement divers, explorant de nombreuses et nouvelles voies, qu’il ne peut être synthétisé par cette seule chanson, aussi formidable soit-elle. En effet quel rapport entre la ballade désespérée ‘Freygattan’ et ce ‘Vor As’ auquel un surprenant chœur féminin confère de curieuses touches Gospel, entre un ‘Nu Mun Ljosi Deyja’, plein d’une fureur sauvage et le terminal ‘Kuml’, piste quasi instrumentale aux confins du dark jazz que zèbre un saxo déchirant ?

Peu de choses assurément, sinon la patte Sólstafir reconnaissable entre mille, et une inspiration toujours au garde-à-vous. Outre sa diversité et son format agréablement court (moins de 50 minutes) comparé à ses devanciers qui tutoyaient voire dépassaient les 60 minutes, "Hin Helga Kvöl" s’impose par sa mélancolie tranquille et crépusculaire à l’image de ‘Hun Andar’, dont la tristesse nocturne ne l'exonère pas d’une rage souterraine, ou de ‘Salumessa’, reptation squelettique portée par le chant si particulier de Aðalbjörn Tryggvason.

Alors qu’il commençait sérieusement à ronronner sans pour autant nous décevoir, Sólstafir étonne agréablement avec le successeur de "Endless Twilight Of Codependant Love" qui n’hésite pas explorer un chemin inédit tout en dégazant une énergie diablement rock. "Hin Helga Kvöl" est l'album le plus jouissif des Islandais depuis "Masterpiece Of Bitterness" en 2005 !

SOLSTAFIR

HIN HELGA KVÖL

CENTURY MEDIA RECORDS

POST ROCK