M'Z: Emancipés Du Vide ? (JAZZ,Guitar Hero) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Mathieu Torres serait-il le Steven Wilson français ? La question est légitime, tant ce créateur prolifique enchaîne des projets ambitieux et variés. Après l’exploration progressive de "Ainsi Parlait Hominina" avec Zhorhann l’an dernier, Mathieu Torres revient cette année avec un nouveau projet : M'Z, et un album au titre évocateur, "Émancipés du Vide". Il explore ici un nouveau territoire sonore plus accessible sans pour autant céder à la facilité.

Dans cet opus, la guitare est une fois de plus le cœur de l’expression musicale, mais cette fois, les compositions adoptent des structures plus dépouillées, se nourrissant des influences de géants comme Steve Vai et Joe Satriani. La comparaison peut sembler audacieuse voire risquée, mais M'Z s’en tire haut la main. Les titres se laissent apprivoiser au fil des écoutes, usant de subtilités pour capter l’oreille et l’esprit. 'Loxapine te Ghoste', par exemple, semble baigné dans l’aura chaloupée de Satch, époque "Surfing with the Alien", sans pour autant se perdre dans l’imitation. Ce qui se dégage avant tout, c’est une identité forte, singulière, qui impose le respect.

Ce parti pris s’affiche également dans les titres, qui éveillent la curiosité par leur dimension poétique et introspective : 'Illusion de Liberté, mais Quelque Chose doit Changer…', ou encore 'Serai-je Un Jour Plus Attractif que ce Néant ?' Ces titres énigmatiques résonnent avec une musique qui, loin d’être hermétique, joue avec les contrastes et les atmosphères. 'Les Aventures de Neurosix et Psychosix', par exemple, s’aventure entre électro et passages atmosphériques, créant un moment fort de l'album.

Même lorsque les titres évoquent une complexité presque théâtrale, à la manière d’Ange, l’album se révèle d’une exécution impeccable et parfois étonnamment limpide. Les compositions, bien que savamment structurées, ne s’enlisent jamais dans la technicité. M'Z jongle avec des ruptures et des cassures qui donnent au disque une intensité marquante, à l’image du bien nommé 'Dramaking, Le Plaisir d’être en Rupture'. Tout est en place : riffs ciselés, solos maîtrisés, un équilibre entre envolées jazz et contrastes sombres, comme dans 'Comptines pour Âmes en Peine', qui offre une bouffée d’air jazzy à l’album, ou dans 'Serai-je Plus Attractif que ce Néant ?', véritable jeu de clair-obscur.

"Émancipés du Vide" se distingue aussi par des instants de mélodie touchante, presque en apesanteur, tels que 'La Nuit, La Colline a le Spleen', qui amène une profondeur émotionnelle inattendue. M'Z s’affirme ici comme un domaine unique dans l’univers plus large de son créateur, un espace où Mathieu Torres évolue en artiste libre, sans concession ni compromis commercial. "Émancipés du Vide" dépasse le simple exercice de style pour devenir une expérience introspective, où chaque note invite l’auditeur à se confronter à ses propres perceptions.

En explorant des territoires aussi libres que sincères, Mathieu Torres affirme une audace créative rare, offrant une musique qui résonne par son honnêteté et sa profondeur. Ce projet, ambitieux et sans concessions, place M’Z comme un espace d’expression véritablement personnel, où l’artiste, à la manière de Steven Wilson, repousse les limites et impose une vision authentique, singulière et essentielle.

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