Chris Lowe et Neil Tennant sont toujours fidèles à eux-mêmes. Les deux fameux West End Boys ont publié en 2024 un quinzième album dont le titre est comme toujours formé d'un seul mot "Nonetheless". Néanmoins (c'est le nom de l'album !), alors qu'ils nous avaient habitués dans les années 1990 à des pochettes minimalistes et il faut bien le dire d'un goût douteux, le précédent album changeait la donne en affichant nos deux compères complètement flous ! Sur celle-ci, le duo se dévoile un peu plus mais pas autant que sur "Please" ou leur album phare "Actually".
Dès les premières secondes de 'Loneliness', le morceau porte le sceau des Pet Shop Boys. Les claviers de Chris Lowe sont plus percutants que naguère en
offrant une plus large palette de couleurs. Le plus célèbre des hommes
effacés est toujours une force vive dans le duo. "Nonetheless" est un
album hivernal, la voix de Neil Tennant, toujours impeccable,
magnétique avec des accents de nostalgie semble provenir du frimas. Les Anglais se régalent de morceaux majestueux qui mêlent pop, symphonique et dance. 'Why I Am Dancing' avec ses cuivres aurait largement eu sa place dans la
discographie antérieure et pourrait figurer sur un nouveau best-of du
groupe. Sur 'The Schlager Hit Parade', les deux attachants compères s'octroient le luxe d'une ballade dance de Noël, guitare à l'appui. Et cocorico, Neil Tennant, s'autorise sur 'A New Bohemia' une évocation en français dans le texte (hélas erronée : "Les Petites Bonbons"). Toutefois, la machine connaît quelques couacs, l'accumulation de ballades rend parfois indigeste la suite comme 'Love Is The Law' ou 'The Secret Of Happiness' qui évoque certes John Barry et l'Amérique du Sud mais sur lequel les deux Anglais semblent faire du pilotage automatique.
Heureusement, le groupe a encore de l'audace à revendre. 'New London Boy', version moderne de 'West End Girls' avec une partie rappée et un clin d’œil a 'Miracles' évoque une glorieuse époque musicale. L'écueil de l'auto-plagiat est largement évité. Et puis sans crier gare, les claviers dynamiques et étoilés de Chris Lowe servent d'écrin a une perle noire 'Dancing Star'. Sur un rythme ralenti avec une ambiance de jet-set pluvieuse, Neil Tennant y révèle un chant plus poignant porté par un refrain anthologique rendant hommage au danseur Rudolf Noureev (qui avait fait défection à l'Ouest au nez et à la barbe du KGB).
Après quatre ans de silence discographique, les Pet Shop Boys reviennent en forme avec un album cohérent multipliant les ballades majestueuses et nostalgiques, offrant d'audacieux exercices de haute voltige comme 'Dancing Star'. Témoignage de cette bonne forme, l'album se placera à la deuxième place des charts devant Weeknd, mais derrière Taylor Swift.