Emprunter le nom du code d’honneur des samouraïs est un choix qui en dit long sur l’état d’esprit d’un groupe. Discipline, engagement, quête d’un idéal… Mais plutôt que de suivre un chemin rectiligne, Bushido, trio power rock français venu du Pays basque, préfère manier les contrastes et les déflagrations sonores pour sculpter un premier album aussi nerveux que mélodique.
Dès les premières notes, l’ombre de Muse plane sur l’album, notamment sur 'Animal', où la voix puissante et les structures un peu déstructurées rappellent le trio de Matthew Bellamy. Mais Bushido ne s’enferme pas dans une simple imitation et injecte à sa musique une rugosité plus brute, flirtant parfois avec l’énergie d’un Silverchair période "Diorama". L’un des paris les plus risqués du groupe réside dans le choix du chant en français, une rareté dans un rock alternatif aussi musclé. Le défi est en grande partie relevé, avec un timbre expressif et percutant, même si quelques passages plus exigeants dans la tenue des notes trahissent une légère fragilité. Mais qu’importe, car l’intention est là, et elle donne une identité propre au groupe.
Le terrain de jeu de Bushido oscille entre violence contenue et envolées atmosphériques. 'Terre Divine' incarne le versant le plus massif de l’album, avec des guitares épaisses et tranchantes, tandis que 'Bushido Transmission' s’impose comme une curiosité instrumentale : un morceau ambient et onirique, presque contemplatif, qui tranche avec le reste de l’album et prouve que le groupe ne se limite pas aux gros riffs. Mais c’est avec 'L’Extase' que l’album trouve un de ses sommets en matière de construction dramatique. Débutant lentement, en tension retenue, le morceau finit par exploser, annonçant un basculement vers un territoire plus incisif, et surtout l’arrivée de 'Annihilation', un titre aux riffs acérés qui ne cache pas ses intentions : un rock puissant, direct, qui puise autant chez Muse que dans un alter ego plus abrasif, à la croisée de Foo Fighters et Audioslave.
Parfois, le groupe ralentit le tempo pour toucher une corde plus émotionnelle. 'Ton Parfum' évoque les ballades rock de Kyo, avec cette mélancolie palpable, loin des tensions électriques qui traversent d’autres morceaux. Un moment de pause nécessaire pour renforcer les contrastes d’un album qui ne cesse d’alterner entre l’énergie brute et l’introspection.
Si ce premier opus ne réinvente pas les codes du power rock, il parvient à équilibrer puissance et nuances, en assumant pleinement ses influences. Loin d’être un simple exercice de style, "Bushido" pose les bases d’une identité qui ne demande qu’à s’affirmer davantage. Une première bataille convaincante, même si la guerre pour s’imposer dans le genre ne fait que commencer.