Pour ce retour, Moonshine Blast s’entoure de piliers du rock progressif : le mix est confié aux experts Bruce Soord et Steve Kitch de The Pineapple Thief, et l'album bénéficie de contributions remarquables du bassiste Colin Edwin (ex-Porcupine Tree, O.R.K.) et Pat Mastelotto (O.R.K., King Crimson) à la batterie. Leurs apports apportent une profondeur et une finesse perceptibles à chaque instant. Là où "Reality Fear" puisait ses influences chez Toto, Genesis, Pendragon, voire Supertramp, "Realm Of Possibilities" embrasse un progressif contemporain, audacieux et introspectif. Les ombres de Steven Wilson, The Pineapple Thief ou Radiohead apparaissent en filigrane, mais Moonshine Blast dépasse l’hommage pour façonner une identité sonore unique, empreinte de chaleur et d'énergie.

Dès les premiers titres, le groupe capte l'auditeur, déployant une palette sonore riche et nuancée qui explore le dépassement des limites artistiques. 'Realm Of Possibilities' et 'Only You', les singles, incarnent la facette accessible de l’album sans trahir sa profondeur. L'œuvre se révèle au fil des écoutes, dévoilant une complexité délicatement ciselée. 'Cruel Immission', par exemple, illustre cette densité, enrichie de touches orchestrales qui introduisent une délicatesse précieuse avant un final nerveux et galvanisant. 'Liquid Feels I' et 'II' offre une immersion totale dans un équilibre subtil entre technicité instrumentale et émotion brute, reflétant la profondeur des relations et la tension entre individualité et connexion humaine. Là réside sans doute la force de "Realm Of Possibilities" : chaque composition incarne un acte de dépassement, tant par la richesse mélodique que par l'intensité de ses arrangements. 'Broken Arrow', avec son refrain à la Peter Gabriel, expose des versants profondément personnels, révélant un désir de s’affranchir des limites, de puiser dans des influences tout en restant fidèle à soi-même.

L’apogée de cet album est sans conteste 'The Cell' (sorte de 'Anesthetize' mélangé à un 'Personal Shopper' wilsonnien réussi), un titre audacieux de 16 minutes où Moonshine Blast repousse les frontières de son univers musical. Dans cette composition, la montée en puissance électro et les touches progressives confèrent au morceau une dimension immersive et exaltante, symbolisant une forme de quête intérieure où l’on défie les conventions établies. 'The Cell' incarne à merveille l'idée d'aller au-delà de ses rêves et de se surpasser pour offrir une expérience sonore actuelle. L’album se clôture sur une note épurée avec 'When The Wind Blows', une ballade acoustique touchante, apportant une conclusion douce et sincère à ce voyage musical. La justesse du chant et l'intensité expressive tout au long de l'album soulignent la profondeur des relations tissées entre les musiciens, comme une quête partagée vers l’authenticité.