Deux ans après la sortie de son "Doggerel", le groupe mythique de Boston formé au milieu des années 80, The Pixies, est revenu en octobre dernier avec un dixième album, "The Night the Zombies Came", produit par Tom Dalgety (Cult, Band Of Skulls, Simple Minds). Séparé en 1993 avant de se reformer en 2004, Pixies
continue ainsi son bonhomme de chemin, proposant ici un rock tantôt
nerveux et fidèle à ses racines, tantôt plus apaisé et introspectif,
sous la houlette du trio historique Black Francis (chant, guitare), Joey
Santiago (guitare) et David Lovering (batterie), rejoints pour
l’occasion par Emma Richardson (basse, chœurs). (La bassiste d’origine,
Kim Deal, qui avait fondé The Breeders à la fin des années 80, prit la décision de quitter le groupe en 2013.)
Comme souvent, après l’annonce de la parution d’un nouvel album des Pixies,
on se demande si le groupe parviendra à revenir à l’énergie brute si
caractéristique de ses origines – que l’on trouve notamment aussi bien
dans "Surfer Rosa" (1988) que dans le toujours aussi excellent "Doolittle" (1989) -, et qui devait inspirer bien des groupes des années 90, à commencer peut-être par Nirvana. Si "The Night the Zombies Came"
conserve bien quelque chose de la marque de fabrique du groupe (on
notera en particulier les énergiques et accrocheurs ‘You’re So Impatient’ et ‘Oyster
Beds’), le style est ici somme toute bien différent de ce à quoi Pixies
nous avait habitués dans la première partie de sa carrière, toujours
décalé certes, mais moins hargneux, plus tempéré et retenu, avec des
incursions dans le folk rock ou le rock psychédélique (‘Primrose’,
‘Mercy Me’, ‘Chicken’). Ce que l’on ne saurait en soi regretter dans la
mesure où l’on ne peut évidemment attendre d’une formation du calibre de
Pixies qu’elle se contente de répéter inlassablement le même
petit nombre de formules inchangées qui lui ont valu son succès
planétaire au moment où elle atteignait son apogée.
Loin donc de raccrocher les gants, Pixies
continue d’évoluer vers un style qui pourra peut-être laisser les fans
de la première heure sur leur faim, mais que d’autres pourront au
contraire juger comme étant celui d’une certaine maturité, marqué par
des sonorités à la fois plus expérimentales et peut-être mieux maîtrisées. Quoi
qu’il en soit, Pixies prouve par là même qu’il est encore un
groupe bien vivant, qui n’a toujours pas mis un point final à sa
carrière et qui pourrait bien encore nous réserver d’heureuses surprises
dans les années à venir.