Architects est l’un de ces groupes compliqués à classer, l’étiquette metalcore qui leur a été affublée faute de mieux, le groupe prenant en effet des chemins relativement éclectiques. Non seulement, Architects n’arrive jamais à mettre tout le monde d’accord, mais ils vont parfois jusqu’à froisser leurs fans, ces derniers ne comprenant pas toujours les choix retenus. Autant prévenir tout de suite, cet album risque de ne réconcilier personne, et c’est tant mieux, car cela renforce l’authenticité d’un groupe qui ne fait pas de la musique pour plaire à tout le monde mais pour délivrer un message sincère.
Le premier morceau ‘Elegy’ met dans le bain tout de suite et illustre à merveille ce qui nous attend sur “The Sky, the Earth & All Between”, à savoir des alternances de douceur (voire de mièvrerie) et de brutalité. On retrouve la recette d’Architects avec une structure rythmique complexe et solide construite pour permettre toutes les alternances de genres et d’atmosphères souhaitées. Néanmoins, avec Architects, on flirte parfois avec la schizophrénie tant ils prennent un malin plaisir à brouiller les pistes, donnant par instants l’impression d’écouter un album de rock commercial fait pour les ondes FM avant de nous surprendre par un violent revirement de situation dans un registre metalcore.
Si Architects était un personnage ce serait sans doute un pervers narcissique. La comparaison peut paraître osée, mais elle ne sert ici qu’à illustrer les alternances constantes de caresses et mots doux avec les bousculades et provocations. Images mises à part, l’excellent ’Whiplash’ avait été mis à disposition par le groupe avant que l’album ne sorte. C’est donc avec un grand plaisir qu’on le retrouve logé dès la deuxième position, car le morceau réveillerait un mort par son énergie. ‘Blackhole’ qui lui succède est, lui, une prouesse de batterie, Dan Searle, fondateur du groupe, mitraillant un rythme saccadé avec une précision chirurgicale.
En revanche, l’euphorie est vite tempérée par ‘Everything ends’ rentrant dans la catégorie des mièvreries évoquées plus haut. Si ce titre permet de reprendre son souffle, son air commercial risque en effet d’en rebuter plus d’un. Fort heureusement, ‘Brain Dead’ vient remettre les pendules à l’heure avec sa structure et ses ornementations hardcore punk, redonnant du crédit a l’étiquette metalcore du groupe. ‘Landmines’ est une petite pépite qu’il ne faut laisser passer sous aucun prétexte, avec son riff accrocheur qui fera assurément hocher la tête à tout le monde, tout comme le début de ‘Evil Eyes’ au chant venu tout droit des tripes de Sam Carter. Hélas, Architects ne pouvant pas s’en empêcher, le morceau évolue à un moment sur un refrain un peu facile. Toutefois à a décharge du groupe, aucun titre de l’album n’est complètement commercial, chacun des morceaux virant à un moment ou un autre dans une certaine violence qui passerait mal à la radio.
“The Sky, The Earth & All Between" est un album très travaillé qui démontre tout le savoir faire d'un groupe qui aime prendre son temps pour composer. Les morceaux sont originaux et si les alternances de styles peuvent parfois déranger, l’ensemble est une belle réussite qui, espérons pour ces originaires du sud de l’Angleterre, rencontrera le succès qu’il mérite.