THE SMASHING PUMPKINS: Aghori Mhori Mei (ROCK) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Sorti en versions numérique et physique respectivement le 2 août et le 22 novembre de cette année, soit un peu plus d’un an après l’opéra rock "Atum" (sorti en trois temps, en 2022-2023), le compact "Aghori Mhori Mei"(10 plages seulement), au titre énigmatique, peut être considéré comme une tentative faite par le trio historique des Smashing Pumpkins (Billy Corgan, James Iha et Jimmy Chamberlin), pour revenir aux racines rock du groupe qui lui avaient valu sa renommée internationale dans les années 1990.

En effet, lorsqu’on écoute ce 13^e album studio des "Citrouilles Fracassantes", on pense tout de suite à ces deux disques phares du groupe que furent "Siamese Dream" et le double album "Mellon Collie and the Infinitive Sadness", quoique la tonalité de l’album soit ici fort différente. On aurait tort en effet de réduire "Aghori Mhori Mei" à un ensemble de redites, pour la simple et bonne raison qu’il est vain et illusoire de vouloir faire un disque qui ne serait qu’une pâle copie des précédents, si importants qu’ils fussent dans l’histoire du rock de ces trente ou quarante dernières années. Il n’en reste pas moins que Billy Corgan s’est ici bien efforcé de revenir à l’esprit qui avait présidé à la réalisation de ces albums, ce qui fut, de l’aveu même du chanteur et fondateur du groupe, comme redécouvrir un foyer de créativité qui ne demandait peut-être qu’à être réactualisé.

Nostalgique, l’album ne l’est pourtant en aucune manière, car ce sont bien les Smashing Pumpkins de 2024 que l’on y entend distinctement, non ceux du milieu des années 1990 : le monde n’est à l’évidence plus du tout le même que celui d’il y a trente ans, la manière de faire et d’écouter de la musique a profondément évolué, et sur le plan personnel, les membres du groupe ont aujourd’hui une vie de famille (Billy s’est remarié en 2023 avec la créatrice de mode Chloe Mendel, avec laquelle il a eu deux enfants). Les Smashing Pumpkins d’aujourd’hui offrent une version d’eux-mêmes sans doute plus assagie et adoucie que par le passé, bien qu’ils n’aient rien perdu de la verve et de l’inventivité qu’on leur connaissait, ainsi qu’en témoigne ce nouvel album.

Musicalement, les influences électro pop présentes sur certains précédents albums ont été ici reléguées au profit de guitares plus lourdes ('Edin', '999'), qui font parfois penser à Black Sabbath ou Accept, deux groupes de heavy metal vénérés par Billy Corgan. En cela, l’album s’inscrit dans la continuité des titres les plus lourds d’"Atum", comme 'Beguiled'.) Les ballades mid-tempo dont les Smashing Pumpkins ont le secret (songeons à leur fameux '1979') ne sont pas pour autant absentes de l’album, comme l’atteste le titre 'Goeth The Fall', où l’on reconnaît clairement la patte du groupe. À noter que le très bon et revigorant 'Sighommi' (qui vient juste après les non moins excellents 'Edin' et 'Pentagrams') a été choisi par le groupe comme single, diffusé pour la première fois le jour même de la sortie numérique de l’album.

Billy Corgan a souvent rappelé qu’il était un guitariste dans l’âme, avant même d’être chanteur ou compositeur. C’est en tant que guitariste qu’il a fait ses armes dans l’univers musical, et c’est toujours au départ sous l’angle de la guitare qu’il écrit ses chansons. Quoique non exempt d’éléments orchestraux et de sonorités planantes -fort bien intégrés, du reste, à l’ensemble- 'Aghori Mhori Mei' marque bien un retour aux sources musicales du groupe et de l’artiste lui-même : comme l’indique Billy Corgan lui-même, il s’agissait en travaillant sur cet album de mettre en doute l’expression "You can’t go home again" (qu’on pourrait par exemple traduire par "On ne peut pas revenir dans le passé"), tout en sachant pertinemment qu’on ne peut tout au plus que retrouver l’esprit de ce même passé, jamais le faire revivre en tant que tel.

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