Les apparences sont trompeuses et la leçon que je retirerai de la chronique de ce 6ème album d'Amarok version ibérique (à ne pas confondre avec leurs homonymes néo-progressiens polonais et surtout ne pas s'attendre à une musique influencée par l'auteur du célèbre album du même nom) est que parfois, il ne faut pas se fier à ses premières impressions. Mais reprenons du début.
Totalement novice à la musique d'Amarok, le premier passage de Sol de Medianoche dans ma platine s'est révélé peu enthousiasmant. Certes, il s'agit bien de progressif, avec des passages instrumentaux plus ou moins complexes et des orchestrations laissant la part belle aux instruments classiques et traditionnels. A l'instar de leurs compatriotes de Kotebel, Amarok propose une musique variée, mais la première impression laissée par les performances vocales de Marta Segura me laissa plutôt perplexe, ses intonations semblant plus se rapprocher du flamenco que de ce que l'on peut attendre d'un groupe de rock.
Et puis, petit à petit, au fil des écoutes, l'univers d'Amarok finit par se laisser pénétrer, et l'on découvre alors une musique foisonnante, bercée d'influences folkloriques et médiévales. Jusqu'à la révélation : cette chanteuse et ses intonations ethniques, cette manière d'utiliser des thèmes répétitifs, ces sonorités de clavecin … Allez, j'ose : il y a du Dead Can Dance et du Lisa Gerrard derrière tout cela. Le tout mitonné à la sauce andalouse bien entendu. Ecoutez attentivement "Mama Todorka", ou le court instrumental "Duet for Hang and Bass" pour vous en convaincre.
De leur côté, les pièces longues permettent au groupe de développer des arguments plus progressifs, alternant avec bonheur les développements instrumentaux et les parties chantées. Ainsi, "Hermits" nous entraîne dans une folle sarabande, passant sans complexe du jazz au folk médiéval, en y incluant notamment des envolées de flûte que ne renierait sans doute pas un certain Ian Anderson.
Pour conclure cette bonne heure de bonheur auditif, Amarok se permet de revisiter à sa manière un titre d'E.L.P, "Abaddon's Bolero". Les personnes comme moi qui ne connaissent pas l'original ne seront pas désorientées et considéreront ce titre comme faisant partie intégrante des compositions du groupe !
Sol de Medianoche est donc un album hautement recommandé à tous les amateurs de musique sortant quelque peu des sentiers battus : ils seront très vite conquis par son originalité. Quant aux autres, je ne saurais que trop leur conseiller de jeter plus qu'une oreille attentive à cet album, il le mérite vraiment.