ALMO: Reconciliation (METAL PROGRESSIF) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Quand on écoute un premier album, on espère souvent y déceler une étincelle, une promesse, quelque chose qui nous fait dire que le groupe en question ira loin. Avec "Reconciliation", Benjamin Almö Thorsell alias ALMO, nous livre un disque qui, tout en s’appuyant sur les codes du metal progressif, cherche à raconter une histoire profondément personnelle. Alors, promesse tenue ? Oui, mais avec quelques nuances.

Dès les premières notes de ‘Rain’, on sent qu’ALMO sait immédiatement où il veut nous emmener. Le morceau s’ouvre sur une mélodie délicate qui s’épaissit peu à peu, laissant place à des riffs puissants et un rythme syncopé. Ce jeu de contrastes maîtrisé ne manquera pas de rappeler des groupes comme Haken ou TesseracT, capables de jongler entre douceur et intensité. Mais si cette introduction pose de belles manières les bases de ce premier album, il manque peut-être une pointe d’audace, ce petit quelque chose qui nous aurait pris par surprise.
Plus introspectif, presque mélancolique, le deuxième morceau, ‘Vilsen’ alterne passages acoustiques et envolées plus nerveuses. Ce genre de dualité évoque Opeth à son meilleur -on pense notamment à "Damnation" pour les moments apaisés ou "Blackwater Park" pour les montées en puissance. Si l’ensemble est agréable, il lui manque toutefois un peu de profondeur pour rivaliser avec ses illustres inspirations.

Avec ‘Bliss’, ALMO montre qu’il sait aussi sortir des sentiers battus. Ce morceau, plus lumineux et presque pop dans son approche, tranche avec le reste de l’album. Les harmonies vocales sont particulièrement réussies, et on y trouve une fraîcheur qui rappelle certaines expérimentations de Leprous ("Malina", par exemple). Ce moment de légèreté est bienvenu, mais laisse aussi une impression mitigée.
À l’inverse, ‘In Dreams’ ralentit le rythme et installe une ambiance éthérée, presque planante. Les nappes sonores rappellent l’univers onirique de Devin Townsend ("Ghost"), mais le morceau peine à maintenir une tension dramatique sur sa durée. C’est beau, certes, mais pas inoubliable, plutôt logique pour un titre de transition.

Mais le véritable défi de l’album reste le morceau éponyme, une pièce de vingt minutes qui se veut l’épine dorsale du projet. À travers ses multiples sections, ce titre explore une grande variété de styles : des riffs djent, des passages acoustiques presque folk, des envolées épiques… un bien joli mélange que les fans de prog dégusteront. Mais revient le souci récurrent de cet album à savoir que la musique d’ALMO peut être qualifiée de quasi "copier-coller" des mastodontes que sont Haken et Periphery en affichant une proximité un peu trop flagrante même si l’exercice est extrêmement louable.
Mais sorti de cette sensation, certains moments sont magnifiques. Les harmonies vocales récurrentes apportent une unité bienvenue et ALMO prouve qu’il est capable de composer des mélodies mémorables. De la même façon, la production est impeccable, chaque détail est clair, chaque instrument trouve sa place… Mais même cette perfection peut s’avérer être un frein : là où un album comme "Colors" de Between The Buried And Me explose de créativité presque chaotique, "Reconciliation" donne parfois l’impression d’être trop sage, trop contrôlé.

Malgré tout, "Reconciliation" est un premier album impressionnant qui pose de solides bases pour l’avenir d’ALMO. Mais pour vraiment marquer les esprits sur le long terme, il lui faudra oser davantage, sortir des sentiers battus et insuffler une vraie personnalité dans les compositions.

ALMO

RECONCILIATION

AUTOPRODUCTION

METAL PROGRESSIF