Depuis quelques années, les Américains de Pop Evil semblent suivre à la lettre un cahier des charges bien établi : proposer à chaque sortie des pochettes radicalement différentes, des albums de plus en plus courts et un contenu toujours plus agressif et puissant. Ce n'est pas ce huitième album qui va changer la donne.
"What Remains" confirme effectivement l'envie pour Pop Evil de durcir le ton et se diriger vers une musique toujours plus extrême. Le changement à la batterie de Hayley Cramer au jeu résolument heavy metal remplacée par Blake Allison, plus polyvalent, n'est d'ailleurs pas une surprise. La musique de Pop Evil reste moderne, les guitares incisives mais les plans rythmiques sont bien plus inspirés par le metalcore qu'auparavant avec une double pédale omniprésente qui alourdit la majorité des titres. 'What Remains', 'Criminal' et surtout 'Deathwalk' qui propose un pattern de batterie intéressant et plutôt complexe pour le néophyte en sont les meilleurs exemples.
Pas de panique pour le fan du groupe, Pop Evil fait toujours du Pop Evil. Les refrains restent toujours très mélodiques, les chansons sont parsemées d'effets électro et les aspects les plus extrêmes, notamment au niveau du chant hurlé, sont toujours limités permettant aux réfractaires du genre de ne pas être trop malmenés. L'unique power balade 'Wishful Thinking', 'Side Effects' ou encore 'Enough is Enough' sont des ainsi des titres typiques de Pop Evil, certes rassurants mais sans réelle saveur, tout comme 'Overkill' très inspiré par le nu metal et hommage aux groupes qui ont fait les beaux jours du genre. Pour rester dans les influences, certains ne manqueront pas de faire le rapprochement avec les Beastie Boys dans les couplets de 'The Bullet That Missed' ou avec Imagine Dragons dans la construction mélodique de 'Knife For The Butcher'.
Se rapprochant de groupes metalcore comme Architects sans jamais en atteindre ni l'intensité ni la brutalité, Pop Evil se place ainsi comme une solide alternative pour ceux aiment l'agressivité sans les aspects les plus extrêmes. Il est juste dommage que "What Remains" ne contienne que très peu de tubes. Les murs de guitare (aucun solo), la lourdeur de la rythmique et le travail de composition très cadré rendent l'album assez monolithique, ne laissant pas de souvenir mémorable malgré plusieurs écoutes. A vouloir surcharger à tout prix sa musique, Pop Evil en a presque oublié ce qui faisait une partie de son essence, la sensibilité.