Barricadez-vous à la maison, fermez les volets et mettez les enfants au lit, Sleepytime Gorilla Museum (SGM pour les intimes) est de retour et ils ne se sont toujours pas calmés.
Le troisième album de ces californiens un peu fous (il y en a pas mal dans cette région) s’inscrit dans la continuité de l’allumé « Of natural history ». Autrement dit, pas de consensus ; l’album dense, violent et labyrinthique n’est clairement pas fait pour le grand public.
Maintenant que la moitié (au moins) de l’assistance a fuit, quel éclairage peut-on apporter sur ce nouvel opus ? SGM en a donné un avant goût au public parisien qui est venu le voir en concert au mois d’avril. Si les nouvelles compositions font toujours références à Frank Zappa, King Crimson, Thinking Plague, Mr Bungle et le death metal en général, cette fois-ci, on a véritablement l’impression d’une homogénéité entre les morceaux qui était moins évidente dans le passé. Le groupe parvient à mélanger les passages calmes et les envolées « métal », les dissonances avec le progressif, les instruments acoustiques avec l’électricité et cela, de façon naturelle tout au long de l’album. Tous les membres du groupe participent au chant mais c’est clairement Nils Frykdahl alternant un chant grave et death ainsi que Carla Kihltedt, petite sœur vocale de Bjork, qui font la différence.
Ce qui est remarquable avec SGM, c’est que la formation pratique une fusion des genres sans qu’on puisse la rattacher à un quelconque mouvement ou à une école en particulier. C’est du rock, voir du métal mais on ne peut guère aller plus loin sans être réducteur vis-à-vis de leur musique. Cela provient non seulement de leur approche originale de la composition mais également de leurs instruments bricolés qui les rapprochent de la musique concrète.
Au final, tout en signant un album de grande qualité, ma préférence va quand même à « Of natural history », plus hétérogène mais recelant de petites pépites dont je ne me suis toujours pas lassé, alors que je trouve « In glorious time » un peu plus difficile d’accès. Malgré tout, il serait injuste de le considérer comme un album de second ordre car cela n’est absolument pas le cas. SGM a encore une fois frappé très fort et ma remarque pourrait bien changer en faveur de ce nouvel album d’ici quelques temps, disons le temps d’apprivoiser la bête (ce que demandent d’ailleurs tous les albums du groupe).