Parfois, un diagnostic médical tombe, et il nous incite à reconsidérer nos choix de vie. Pour Federico Favaro, c’est l’assurance d’une cécité partielle ou totale à plus ou moins long terme qui l’a poussé à vouloir réaliser son rêve d’enfance, celui de faire de la musique à temps plein, en mettant à profit vingt ans de pratique de la guitare, notamment au sein de Syn X, un tribute italien à Symphony X.
Fortement influencé par Plini, son premier EP instrumental, "Abstractions", navigue entre technicité pointue et accessibilité mélodique, et constitue une bien belle carte de visite pour un artiste dont la sensibilité musicale se situe clairement à la frontière entre djent, metal progressif et post-rock.
Dès les deux titres d’ouverture, ‘Automata’ et ‘Daydream’, le ton est donné : une rythmique djent syncopée, des lignes de guitare fluides et mélodiques, le tout construit avec une précision millimétrée. Federico Favaro évite l’écueil de la démonstration purement technique en laissant respirer ses compositions, alternant sophistication rythmique et envolées aériennes.
À la croisée du djent et du metal progressif, la musique de l’Italien emprunte aussi au post-rock, comme en témoignent ‘Polaris’ et surtout l’excellent ‘Horizon’ qui, avec sa montée en tension maîtrisée, est particulièrement représentatif de l’univers du guitariste, qui parvient à insuffler une réelle personnalité à sa musique, tout en restant dans les codes d’un album de guitare instrumentale.
Avec "Abstractions", Federico Favaro signe un premier EP efficace et personnel, oscillant entre puissance et délicatesse. Une belle entrée en matière pour un musicien qui semble avoir trouvé sa voie, quelque part entre la rigueur du metal moderne et la liberté du post-rock.