À moins de connaître le jeu vidéo d’aventure galactique "Outer Wilds", le nom d'Ash Twin Project pourrait laisser supposer qu’on a affaire à nouveau projet éphémère de rock progressif venu d’outre-Atlantique. En réalité, il s’agit d’un groupe du Lot-et-Garonne, région certes d’habitude plus connue pour son foie gras et ses pruneaux que sa musique. Mais s’arrêter aux clichés serait se priver d’une pépite made in France de post-rock progressif aux airs de Leprous, Opeth, Pain of Salvation, voire de Jinjer et Arch Enemy pour son chant féminin, parfois growlé.
Si "Tales of a Dying Sun" est indissociable d’Outer Wilds, le concept de l’album étant intimement lié à l’esprit du jeu, rassurez-vous, être étranger à la thématique n’empêche nullement d’apprécier l’album. Les thèmes abordés étant propres à chaque groupe, on ne peut pas être experts de tout ce qui anime nos groupes préférés (encore heureux sinon il faudrait avoir lu toute la Bible pour comprendre Whitecross, au contraire la rejeter pour aimer Behemoth, se passionner des histoires de donjons et dragons pour aimer Symphony X)... Qu’à cela ne tienne, Ash Twin Projects nous propose une musique d’une grande richesse et commence très fort avec le très beau 'Cœlacanthe', aux réminiscences conscientes ou pas de Deftones sur l'intro, non pas pour le genre abordé
et encore moins le chant, mais plutôt pour les harmonies et les
progressions rythmiques de la guitare. Tout se joue dans les accords non-conventionnels apportés par Romain Larregain et Robin Claude. Non
seulement c’est beau, mais c’est émouvant.
Après une pause atmosphérique agréable sur 'The Wilds' arrive le grandiose ‘Isolation’, magnifique de bout en bout, surtout après sa relance épique par un break de toute beauté en plein milieu du morceau. Vous l’aurez compris, Ash Twin Projects joue une musique pour le cœur. Pas question ici d’en mettre plein la vue avec des embardées techniques, mais le groupe nous emmène plutôt dans son univers, nous raconte une histoire. C’est sincère, ça respire l’authenticité et ça fait du bien. Pour revenir un instant sur l’aspect technique des choses, l'ensemble est certes travaillé, alambiqué parfois, mais ce n’est jamais trop, à l’image des solos de guitares, tout en sobriété, à la Gildenlöw de Pain of Salvation. Le couple basse-batterie n’est pas en reste, pour son soutien indéfectible à une musique élaborée.
Finalement le seul bémol à cet album est qu’il laisse un tout petit peu sur sa faim, car c’est un EP de 5 morceaux et 37 minutes. Compte tenu du travail fourni, on aurait pu s'attendre à un ou deux morceaux de plus pour devenir un album plus traditionnel, mais la tendance récentes aux EP en a peut-être décidé autrement. Quoi qu’il en soit, Ash Twin Projects est une très belle découverte hexagonale, qui espérons réitérera l’exercice, car on a hâte de voir à quoi ressemblerait un essai transformé par nos Agenais.