Mais cette pluridisciplinarité est-elle un frein à sa légitimité musicale, ou au contraire, une richesse à exploiter ? Son album "Bedrock" répond à cette interrogation avec assurance. Après avoir exploré des sonorités folk sur "Recollection" et "Silver Lining", fortement inspirées de son expérience américaine, Tom Leeb propose ici une synthèse de ses influences (Clapton, Toto, Prince...). Plus électrique, plus audacieux, "Bedrock" oscille entre la folk mélodique et le rock FM accessible ('Somebody Else'), tout en se laissant aller à quelques incartades pop à l'émotion palpable ('Nobody Knows Me Like You').

Derrière cette apparente légèreté, l'album se déploie comme un exutoire où l'artiste livre ses doutes et ses espoirs avec une sincérité désarmante. "Bedrock" devient alors ce socle musical sur lequel Tom dépose ses émotions brutes, sans artifice inutile. Le titre 'This Love' en est l'exemple parfait : une ballade douce et introspective où la fragilité du chant et la délicatesse des arrangements témoignent d'un besoin profond de se délivrer. Le son, calibré pour les ondes radio, révèle une production soignée qui pourrait aisément conquérir un public anglo-saxon, friand de ces mélodies efficaces et de ces rythmes accrocheurs. En France, où les canaux de diffusion pour ce style de musique restent restreints, la tâche s'annonce plus complexe. Mais "Bedrock" dispose d'atouts indéniables pour y parvenir.

L'art de la composition, bien que classique, fait mouche par sa justesse. Chaque note semble pesée et placée avec minutie, qu'il s'agisse de la douceur d'un clavier (à l'image de 'Breakaway') ou de l'énergie d'une guitare à la Clapton, oscillant entre passages acoustiques et soli électriques (à l'instar de ‘Home’ ou du conclusif ‘You’ll Be Alright’ lumineux). Le rythme joue également un rôle essentiel, notamment sur 'Trouble', au groove inspiré rappelant par moments le feeling de Prince.