IMAGINÆRIUM: Siege (ROCK PROGRESSIF) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Imaginaerium est un projet qui est né de la collaboration du guitariste Eric Brouillette et du claviériste Clive Nolan. Eric est malheureusement décédé peu avant la parution de leur premier album “The Rise of Medici”, mais Clive a ressuscité le projet en conservant Laura Piazzai au micro et en changeant le reste de l’équipe. Présenté avec un superbe design avec une imagerie volontiers viking (mais pas que), “Siege” s’appuie un concept assez vague : résistance et refuge.

On sait que Clive s’est toujours posé en conteur : si ses collaborations avec Oliver Wakeman (“Jabberwocky” et “The Hound of the Baskervilles”) sont des adaptations, ses projets Caamora ou Alchemy, plus tournés vers l’opéra-rock (ou la comédie musicale), sont élaborés sur un scénario original. “Rise” relève d’un autre exercice, avec un thème assez lâche qui brasse des concepts très divers allant de la vie de Boadicée (Boudica en anglais), résistante contre les envahisseurs romains autour des années 60 après JC, à l’intériorisation ou à la préparation des batailles…, une tentative ambitieuse qui donne un résultat hybride et pas facile à assimiler. Pas sur le plan musical, Clive composant des titres aisément accessibles, mais sur la cohérence de l’ensemble qui apparaît pour le moins fragile.

L'ouverture ‘Cry Boudica’ joue résolument et avec une certaine efficacité la carte du récit épique : refrain guerrier, solo de guitare bien efficace, ce titre ne manque pas de souffle et parvient à accrocher l’auditeur. Par la suite, les affaires se gâtent sur beaucoup de plans : contrairement au “Rise of the Medici” qui bénéficiait d’une atmosphère musicale très cohérente, l’ensemble est ici très hétérogène dans l’esprit : guitare hispanisante avec castagnettes ‘To The Victor Go The Spoils’, instrumental guerrier porté par les synthés (‘To The Victor Go The Spoils’), piano-voix (‘When My Eyes Are Closed’) ou synthés-voix (‘Deep’), tandis que certains morceaux montrent un relâchement dans la qualité de la composition : ‘Never Burn The Cakes’ (très second degré, mais quand même léger *), ‘Footprints’, sauvé par la basse, ‘The Final Redoubt’ au contenu déjà entendu chez Clive, ‘When My Eyes Are Closed’, pauvrement inspiré.

Par ailleurs les arrangements sont du standard Nolan : claviers en nappes pour la touche symphonique (une apparition solo de synthé sur ‘To The Victor Go The Spoils’), basse souvent soignée, pas mal d’emphase sur une majorité de titres, emphase encore appuyée par l’interprétation vocale : Laura Piazzai revendique sur son site une voix rock puissante, et elle ne manque pas d’en (ab)user, surjouant sur les morceaux calmes et recherchant le moindre interstice pour "envoyer" sur les moins calmes - la note finale de ‘All There is to See’ pourrait figurer au panthéon de “The Voice”. Quant à Clive, il adopte un timbre plus éraillé qu’à l’habitude pour un résultat esthétiquement douteux (l’entame de ‘Blood Moon’, ou ‘The Last Arrow’ sur lequel il force sur le ton martial du morceau).

Alors fallait-il réanimer le projet Imaginaerium ? Loin de la réussite esthétique et conceptuelle de son prédécesseur, “Siege” ne brille finalement que par son titre d’entame et son final, directement affilié au ‘Chasing the Hound’ de Nolan-Wakeman (avec ici une fin escamotée en fade-out...). C’est bien peu pour un side-project d'un claviériste parmi les plus connus du prog…

* ‘Never Burn the Cakes’ repose sur un minuscule détail de la vie du roi Alfred, grand monarque quasiment irréprochable, libérateur et de fédérateur des Anglo-Saxons (849-899). L’anecdote veut que ce roi laissait brûler les gâteaux… la morale de l’histoire, c’est que nul n’est parfait !

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