Nous l’attendions avec impatience, cinq ans après le très réussi The Odyssey, le nouvel album de Symphony X arrive dans les bacs. Le line-up est inchangé, mais de l’eau a coulé sous les ponts depuis le précédent album car Russell Allen et Michael Pinnela – respectivement chanteur et clavier - ont chacun sorti un album solo entre temps, avec plus ou moins de réussite. Ces évènements qui ont émaillés ces cinq longues années ont-ils eu un impact sur la musique du combos du New Jersey ?
On remarque immédiatement que la tendance, cette fois-ci, se fait plus sombre. Il suffit de contempler le magnifique artwork de la pochette – une scène de guerre - et de lire les titres des morceaux pour s’en convaincre. L’écoute à proprement parlé ne va pas infirmer cette impression.
Michael Romeo s’est placé dans la posture du fan de métal pour composer le meilleur album qu’il aurait aimé écouter. Cet album n’est pas un concept-album comme Symphony X a pu en proposer par le passé, mais plutôt une succession de titres liés par une thématique : la déchéance de l’Homme et son lot de vengeance et de corruption. Il s’est du reste basé sur le concept du roman de John Milton.
Cette thématique se traduit par une musique très agressive et lourde pour accoucher de l’album le plus métal qu’ait composé Romeo -à l’instar de ce qu’à pu faire Dream Theater avec Train Of Thoughts- au dépend, bien sûr, de la face progressive du combo. De même, cet album est moins typé « musique de film » avec l’absence presque totale de connotation mythologique. A noter que l’album ne propose plus de titre dépassant les vingt minutes car le plus long morceau « ne dure que » 9’17.
Après une courte intro « Oculus Ex Inferni », on pénètre brutalement en enfer avec le presque speed « Set the Worl on Fire ». Les riffs de guitare sont tranchants, presque trash, et la « rondeur » du son de Romeo n’est plus qu’une histoire ancienne, à part peut-être sur « Paradise Lost ». Les orchestrations se font plus rares et les parties instrumentales sont plus concises (« Domination », « The Walls of Babylon », « Seven »). Russell Allen chante comme jamais (« Domination »), en allant chercher une énergie et une agressivité impressionnante. Il se permet même d’emprunter certaines intonations de voix à Jorn Lande sur le titre « Serpent’s Kiss ». Comme a son habitude, Symphony X lorgne souvent sur le néoclassique sans jamais tomber dans le ridicule ( « Seven »). Cet album renferme quelques grands moments de musique avec les titres « Domination », « Serpent’s Kiss », « Paradise Lost », « The Sacrifice » ou « Revelation » et le reste demeure d’un bon niveau mais sans atteindre des sommets.
Malgré tout, cet album demande un effort substantiel pour être apprivoiser. Les premières écoutes peuvent laisser un sentiment d’inachevé et de surprise. Ce n’est qu’au bout de plusieurs écoutes que l’album s’avère passionnant. Les refrains sont moins immédiats mais révèlent au final un travail mélodique intéressant. La vertu indispensable a l’écoute de « Paradise Lost » est la patience.
A noter qu’une édition spéciale du cd renferme un DVD de 30 minutes sur les coulisses de l’enregistrement ainsi qu’un morceau bonus spécialement composé pour le DVD.