Halloween, groupe français de rock progressif apparu à l'aube des années 1980's a publié pas moins de cinq albums en une quinzaine d'années avant de se mettre en pause peu de temps après le début du nouveau millénaire. Mais en 2020, à l'occasion de la pandémie, c'est un autre virus, celui du rock progressif, qui reprend le dessus et la machine est alors relancée pour aboutir en cette année 2025 à la publication de "Psy-Ko", titre que le groupe justifie par "parce que les persona qui peuplent les chansons sont plutôt dérangées d'un point de vue Psy, peut-être autant que les musiciens du groupe".
Ceci étant posé, place à la musique dont le moins que l'on puisse dire est qu'elle est d'une richesse incroyable, et progressive dans tous les sens du terme. Huit longues compositions à tiroirs pour près de 75 minutes de musique au cours desquelles les instrumentistes nous emmènent dans un voyage où progressif, jazz-prog, fusion voire néo-prog sur certains passages s'entrecroisent, formant un ensemble qu'il sera difficile d'assimiler en quelques écoutes.
'Transe' vient installer rapidement une tension de tous les instants, à grands coups de cassures rythmiques avec une batterie à contretemps et de changements d'ambiance, sans oublier le passage par une ambiance club de jazz en milieu de plage. 'Crise de Foi' déploie également une ambiance inquiétante, portée par le mariage parfait entre la basse et les claviers, et une forte présence du violon, que l'on retrouve d'ailleurs à plusieurs reprises sur les autres titres.
Un autre exemple de l'incroyable étendue de l'univers sonore d'Halloween est proposé avec 'Nostalgie', titre épique au cours duquel le groupe multiplie les ruptures, passant de premières minutes zappaiesques torturées à de l'ambient en mode Tangerine Dream, pour terminer par un final symphonique qui se conclut en toute beauté par une partie mêlant violon et guitare 12 cordes. 'Igor S.', le titre final, ne déroge pas à cette "règle" : après un début a capella en voix doublées à la tierce comme le faisait naguère Malicorne, le titre s'emballe progressivement en montant en puissance, avant de retomber doucement et se finir … brutalement.
Ici, comment ne pas évoquer le chant singulier de Géraldine Le Coq ? De manière très honnête, celui-ci peut agir de prime abord comme un repoussoir, les paroles pourtant chantées en français s'avérant difficilement compréhensbiles. Et puis, au fil des écoutes, il s'avère complètement indissociable de la palette sonore du groupe, au même titre que les autres instruments. Quant au contenu des textes, chacun en fera sa propre interprétation car, comme le souligne là encore le groupe sur son site internet, "Attention, second degré parfois obligatoire".
Groupe disparu depuis longtemps des radars, Halloween revient en force avec un album qui ne laissera personne indifférent. D'accès pas forcément aisé, il dévoile néanmoins toutes ses richesses au fil d'écoutes répétées que l'amateur de progressif n'aura de cesse d'enchaîner.