Avec "Get Better", Storm Orchestra poursuit sa montée en puissance sans chercher à tout réinventer. Deux ans après un solide premier album, le trio affine sa ligne de conduite : un rock anguleux, tendu, efficace, qui n’oublie ni les refrains fédérateurs ni l’envie de varier les climats. Un disque à la fois immédiat et un peu plus ouvert, où le groupe explore ses deux extrêmes sans renier ses bases.
L’ouverture avec 'Bright Soul' et 'Drummer' fait office de rappel : tempo rapide, riff direct, formule bien rodée. Mais très vite, le groupe prend plaisir à injecter d’autres éléments : un soupçon d’indus ('We Will Be the Last'), un clin d’œil hardcore ('Crush the Mirrors'), ou même une respiration en français avec 'Désolé'. Des touches bienvenues, même si elles ne suffisent pas toujours à créer de vraies ruptures. L’ensemble reste cohérent, mais manque parfois d’un titre qui sorte vraiment du lot, d’un moment plus marquant.
Le travail sur les ambiances, les textures vocales et les placements rythmiques se fait sentir, avec quelques arrangements soignés qui révèlent une envie d’aller plus loin. Certains morceaux, comme 'Our Victory', tentent une forme plus progressive sans perdre de vue l’impact. D’autres, comme 'Superplayer', misent sur des gimmicks plus ludiques pour varier les plaisirs. L’écoute est fluide, rythmée, jamais pesante - ce qui est déjà une réussite en soi.
Si l’album gagne en maîtrise, il peut aussi donner l’impression d’un groupe encore en phase de construction. Les influences sont assumées (Muse, Nothing But Thieves, Biffy Clyro…) mais parfois trop apparentes, au point d’éclipser momentanément l’identité propre du trio. Quelques prises de risque auraient mérité d’être poussées plus loin, comme si l’envie de tout bien faire freinait légèrement la singularité.
Reste un album solide, bien pensé, porté par une vraie envie d’aller de l’avant. "Get Better" marque une progression indéniable en termes de production et de structuration, tout en laissant entrevoir un potentiel encore en réserve. Storm Orchestra signe ici un disque appliqué, qui trace une trajectoire ascendante sans encore prendre totalement son envol. Le prochain palier est à portée, il ne reste plus qu’à le franchir.