Le Gourishankar évoquera pour certains le « Mont Everest » et pour d’autres une technique de relaxation en yoga… Le Gourishankar qui nous intéresse s’avère être un quartette russe de rock progressif. Formé en 2002 à milles lieux d’ici par le guitariste Nomy Agranson et le claviériste Doran Usher, ce groupe nous propose de nous familiariser avec le progressif natif des montagnes de la chaîne de l’Oural… Second Hands, qui est déjà le troisième album de ce groupe, arrive jusqu’à nos oreilles grâce au support du label Unicorn et nous entraine dans un voyage intercontinental...
Dès le premier morceau, c’est la claque ! En effet, « Moon7 » place d’entrée de jeu la barre très haute en faisant office de carte de visite du registre musical du groupe. Nous entrons alors dans un univers profondément éclectique, assez « occidentalisé » et bien ancré sur de solides bases rock et métal prog, tout en intégrant beaucoup d’influences très diverses : ambiances de musiques latines, musique folklorique, jazz (on notera l’intervention d’un sax sur « The Inexpressible Chagrin » et « Syx »), de la musique orchestrale et classique ainsi qu’une grosse touche d’électro voire même du reggae sur « Queer Forest ».
Il est possible de proposer une lecture stylistique de l’album. On peut considérer qu'il est principalement instrumental car le temps de parole du chanteur n’est pas majoritaire. Ainsi, « Moon7 » et « Syx » sont des parfaits exemples des tueries instrumentales proposées par le groupe. On y dénotera une parfaite intégration d’un bon nombre des meilleures recettes que le prog a élaboré. On ne peut s’empêcher de penser à Dream Theater sur certains passages faisant la part belle aux envolées claviers/guitares. La mise en place est parfaitement maîtrisée, le froid qui peut régner dans la région de nos loyaux instrumentistes ne semblant pas pénaliser leur dextérité. « Taste a Cake » est également un instrumental au piano d’une profonde beauté malgré sa courte durée.
D’autres morceaux sont d'avantage axés sur le chant (tout en intégrant toujours une forte composante instrumentale). Ce sont les pièces « Endless Drama » (avec un accent Queen sur certains arrangements vocaux), « Queer Forest » ainsi que « Marvelous Choice ». Ce titre présente une parfaite synthèse de ce que le groupe sait faire de mieux en fusionnant les parties instrumentales et les parties chantées, ces dernières faisant penser à Enchant ou Empty Tremor.
Une dernière facette de ce groupe réside dans son penchant pour l’électro : les morceaux « The Inexpressible Chagrin » et « End » en sont un exemple car ils lorgnent volontiers vers ces ambiances.
Servi par une production sans faille permettant d’apprécier à sa juste valeur la richesse des instrumentations, cet album se révèle être une très belle œuvre que l’amateur de progressif devrait largement apprécier tant le nombre de surprises est important. Très digeste et pourtant résolument progressif, "Second Hand" se présente comme une des plus belles découvertes de cette année 2007. Avec ses multiples influences musicales, mixées par des musiciens de talent (sans faire dans le plagiat pour autant), cet album est au final tout simplement incontournable...