Les Suisses de Nevborn n’auront mis que deux ans pour sortir le séquelle de la première partie d'une trilogie mythologique. Pour redonner du contexte, "Alkaios · Part II · The Peacock" ne peut en effet vraiment se comprendre qu’au regard de "Part I · The Eagle", sorti en 2023. Les deux albums sont les premières étapes d’un triptyque conceptuel autour des douze travaux d’Hercule, mais s'ils ont des rôles complémentaires, les choix artistiques sont néanmoins différents.
Le projet Alkaios (nom grec originel d’Hercule) est une trilogie conceptuelle en trois parties :
Part I – "The Eagle" (sorti en 2023) → Travaux 1 à 4
Part II – "The Peacock" (dont il est question) → Travaux 5 à 8
Part III (à venir) → Travaux 9 à 12
Chaque partie explore donc les exploits d’Hercule, mais surtout l’état psychologique du héros à chaque étape : la fatigue, la colère, la rédemption, la perte d’identité, etc. Dès lors, NevBorn ne cherche donc pas à raconter les travaux historiquement, mais plutôt à traduire leur charge émotionnelle et symbolique. Et le résultat est très convaincant.
Dans sa structure, "The Peacock" comporte quatre morceaux, chacun se rapportant à un des travaux 5 à 8 d’Hercule. Pour rentrer dans le vif du sujet, l’album jongle constamment entre moments calmes/ambiants et explosions brutales, ce qui lui donne un souffle dramatique particulièrement appréciable. Le groupe maîtrise au cordeau le maintien de la tension, pour mieux offrir l'exutoire en fin de compte. On ressent tout au long de l’album la lutte, le combat, la catharsis, et après plusieurs écoutes, on se retrouve littéralement happé dans l'univers des Suisses.
A cet égard, l'alternances de chant clair/hurlé, les arrangements (synthés,
ambiances, transitions) soignés retranscrivent parfaitement ces émotions sans que cela ne soit jamais surchargé. Et au rayon autre moment fort, on soulignera notamment le solo de saxophone d’Elori Baume sur 'Knossos',
Toutefois, on peut regretter que les morceaux soient un peu longs et auraient peut-être gagnés en impact s'ils avaient été raccourcis mais cela aurait nui au concept ambitieux de nous narrer les fabuleux travaux d’Hercule qui ne pouvaient se résumer à un seul album. Comme pour la partie I
("The Eagle"), les titres ne comprennent pas de refrain ce qui
peut perturber l'auditeur en quête de repères. Les morceaux sont
plutôt conçus comme des récits progressifs avec des sections qui
respirent, des transitions, des montées et des ruptures. Mais c'est du
metal progressif après tout !
Finalement, le contraste entre passages calmes / atmosphériques et les phases agressives / cinématiques est résolument original et satisfera sans aucun doute les fans de progressif. En revanche, l’album -et disons-le de suite la trilogie dans son ensemble- nécessitera un petit effort avant de se laisser emporter dans l’univers mythologique que Nevborn nous propose.