Music Waves possède ce charme et me donne ce bonheur sans cesse renouvelé de croiser la route de groupes dont j’avais entendu parler par le passé mais pour lesquels je n’avais pas accordé plus d’attention, faute de temps mais surtout d’argent. Waltari fait partie de cette catégorie. En effet, il y a tout juste 10 ans, des éloges dithyrambiques étaient écrites sur ce groupe à l'occasion de la sortie de « Space Avenue ». Renseignements pris, « Release Date » s’avère être le 12e opus des finlandais (rien que ça !) qui fréquentent la scène métal depuis 1986.
Le tout commence avec un « Get Stamped » aux riffs heavy et au break monumental typique d’un Ron Thal version « Hermit » sur fond de violoncelle et une voix « croonisante »… Si le titre suivant, « Big Sleep », donne envie de cantonner Waltari à une musique que l’on pourrait rapidement et vulgairement qualifier de fusion, le morceau suivant, « Let’s Puke Together », balaye rapidement cette idée avec un punk/death à réveiller les morts et ses growls bienvenus !
Mais la pièce maîtresse de cet album réside dans « City Shamaani », titre de 36 minutes décomposé en 5 sous-parties... La première débute par « Night Flight » à la trame death mélodique voire progressive avec sa cassure au piano annonciateur de « Good Morning », métal totalement barré avec ses passages piano-bar sous amphétamines Fishbone ! Mais la démonstration ne s’arrête pas à un mariage death/punk qui n’est pas si contre nature que ça. Les finlandais déstabiliseront les plus blasés avec non seulement « Colgate Country Showdown » au refrain accrocheur au possible et à la voix proche d’un Joe Jackson mais aussi avec « The Incarnation Party », titre techno aux relents new-wave… Il est dommageable que cette pièce se clôture par le trop long (13 minutes) « Sympathy » sans réel intérêt même si le break avec ses harmonies vocales très rock prog pourra en charmer quelques uns…
En ce qui me concerne, mon coup de cœur va à « Wish I Could Heal » ; comme si Living Colour mêlerait son métal fusion à des refrains pop enthousiasmant. Enfin, comment ne pas citer le titre bonus « Spokebone » dans lequel Waltari en rajoute une couche avec son final metal-techno-dance et ses accents indo-celtes !!!
Il n’y a vraiment pas grand chose à reprocher aux finlandais, si ce n'est peut-être le chant assez particulier de Kärtsy Hatakka qui peut rebuter aux premiers abords par son côté nasillard mais encore une fois, au fur et à mesure des écoutes, cette singularité deviendra un charme évident et un élément essentiel du puzzle Waltari
Définir la musique de Waltari relève donc de l’énumération fastidieuse d’une multitude de genres musicaux diamétralement opposés, du death, thrash, punk à la techno, dance…Alléchant sur le papier, le concept musical indéniablement bigarré de Waltari l’est tout autant sur support audio… Un large patchwork musical qui comporte toutefois les inconvénients de son indéniable avantage : sa diversité, sa furieuse originalité… Trop de folie tue la folie au détriment d’une véritable cohérence d’ensemble. En effet, le risque évident de ce type de production est de perdre en route un auditeur déboussolé… Mais les plus aguerris d’entre nous retrouveront rapidement leur chemin et en redemanderont !