AMORPHIS: Borderland (METAL MELODIQUE) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Si, depuis l’arrivée de Tom Joutsen derrière le micro il y a une bonne vingtaine d’années maintenant, on ne risque plus de surprendre Amorphis en flagrant délit d’évolution, force est de reconnaître toutefois que ses albums se suivent, se ressemblent donc tous un peu mais ne déçoivent jamais.

Détenteurs d’une recette dont ils ne se départiront sans doute plus, les Finlandais possèdent l’assurance de vétérans qui n’ont plus rien à prouver, venant nous rendre visite tous les trois ou quatre ans désormais avec une nouvelle offrande aussi peu surprenante que confortable en ce sens que, familière, on s’y sent immédiatement bien au chaud. Ce qui peut sembler paradoxal s’agissant d’une musique qui, sans être glaciale, repose sur des mélodies nimbées d’une douce froideur !

Sans (mauvaise) surprise, "Borderland" ne déroge ainsi pas à la règle, opus d’une pureté d’airain finement ciselé, techniquement irréprochable (il est produit par Jacob Hansen) et riche de dix compositions toutes plus séduisantes les unes que les autres. Son titre qui évoque la situation géographique d’un pays où la notion de frontière revêt plus qu’ailleurs encore une importance existentielle, sa pochette qui en rappelle une autre (celle de "Silent Waters"), un opener, 'The Circle', qui résonne comme un clin d’œil à l’album du (presque) même nom, dictent une œuvre aux allures de synthèse, embrassant toutes les facettes du groupe tant sonores que thématiques.

Tomi Joutsen alterne chant clair comme un lac d’azur et grognements de mineurs de fond en une mécanique bien huilée, les guitaristes tissent ces motifs à la fois racés et gelés toujours si reconnaissables tandis que les claviers délicats étendent des paysages chargés de poésie. L’amorce imparable ‘The Circle’, ‘Dancing Shadow’ ou ‘The Strange’ restent du pur Amorphis. Et du meilleur, il est vrai. Mais pour la prise de risque, on repassera. Ceci étant, les Finlandais savent encore parfois, sinon nous surprendre, au moins tenter timidement de s’aventurer sur un terrain différent.

Citons ‘Light And Shadow’ et ses teintes pop que ne renieraient pas Nightwish, le lent ‘The Lantern’ que drapent des synthés très progressifs et surtout ‘Dispair’, conclusion d’une belle emphase dramatique aux confins du doom dont les riffs obsédants convoquent le spectre du regretté Rapture sans jamais toutefois délaisser cette élégance cristalline. D’autres s’imposent par une écriture plus accidentée, tels que ‘Tempest’ ou le titre éponyme, épique et fédérateur.

"Borderland" confirme encore une fois qu’Amorphis ne peut pas accoucher d'un mauvais disque, recueil d’hymnes instantanés qui surprennent peu mais ne déçoivent pas davantage.

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