DROPKICK MURPHYS: For The People (ROCK) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Avec le retour de Donald Trump à la maison blanche, il y avait peu de chances pour que les Dropkick Murphys restent silencieux et apaisés. Après deux opus acoustiques consacrés à l’adaptation de titres de Woody Guthrie ("This Machine Still Kills Fascists" et "Okemah Rising"), les contestataires de Boston nous reviennent donc avec un treizième opus marqué par plusieurs collaborations. Comme de bien entendu, les invités ne sont pas réputés pour leur sens du compromis et encore moins pour leurs capacités à se soumettre au système. Nous retrouvons ainsi une ribambelle d’artistes venus des îles britanniques et dont les positions politiques et sociales sont fortement marquées. Que cela soit les jeunes membres de The Mary Wallopers en provenance de Dundalk, les plus expérimentés Dublinois de The Scratch, ou la légende anglaise, Billy Bragg, tous ont pour habitude d’exprimer des positions tranchées.

Le résultat de ces partenariats est un album se partageant entre colère et mélancolie. "Don’t tell us everything is fine" éructe Ken Casey sur le single ‘Who’ll Stand With Us ?’ qui ouvre les réjouissances. Rageur et festif à la fois, et toujours doté d’un refrain fédérateur et imparable, ce titre remet le pogo au centre du pit. Il sera rejoint plus loin par plusieurs pièces qui déversent leur fureur sans même intégrer les instruments traditionnels afin de pouvoir taper directement là où ça fait mal sans s’embarrasser de fioritures. ‘The Big Man’ rend hommage à Fletcher Draggs, guitariste de Pennywise, sur un riff digne de Motörhead, alors que ‘Kids Game’ évoque des enfances troublées et rebelles avec une basse aux effluves évoquant une légendaire Rickenbacker. Quant à ‘Fieding For The Lies’, il fait l’effet d’un direct sanglant dans la tronche tant il transpire la hargne.

Mais que les amateurs de folklore celte ne s’inquiètent pas outre mesure car accordéon, bodhran, mandoline, flûte et cornemuse sont loin d’avoir disparu. Ils n’ont d’ailleurs pas leur équivalent pour nous emmener au cœur d’un pub enfumé et nous encourager à lever nos pintes (‘Bury The Bones’). Et si nos Bostoniens sont souvent d’humeur bagarreuse, ils font néanmoins régulièrement preuve de nostalgie et ont un réel talent pour évoquer des êtres disparus et rallumer la flamme de leur mémoire. Cette fois, Ken Casey s’adresse à son grand-père en espérant qu’il serait fier de ce qu’il est devenu au travers de paroles touchantes (‘Chesterfields And Aftershave’). Et puis les Dropkick Murphys auraient-ils pu continuer à se regarder dans la glace sans avoir rendu un dernier hommage à Shane MacGowan, chanteur des Pogues disparu en 2023 (‘One Last Goodbye’) ?

A noter également qu’Al Barr vient rappeler qu’il est juste momentanément en retrait du groupe pour raisons familiales, le temps d’un ‘The Vulture Circle High’ qui ravive le manque de sa voix grave et écorchée. Cette présence en guest du chanteur fondateur du combo n’est finalement qu’une preuve supplémentaire qu’un album des Dropkick Murphys est toujours autant convivial que revendicatif. "For The People" ne fait pas exception à la règle et s’impose même comme l’un des plus beaux fleurons d’une formation qui a su rendre l’indignation attachante.

DROPKICK MURPHYS

FOR THE PEOPLE

PIAS

ROCK