Babymetal a tout d'un grand. Avec quinze années d'existence au compteur, le célèbre groupe considéré comme la source du kawaii-metal (genre musical mélangeant des éléments de heavy metal et de J-pop) publie son cinquième effort studio. La formation centrée autour de ses trois interprètes féminines a souvent été considérée comme un pur produit marketing sans âme et abusant de l’auto-tune, ce qui ne l’a pas empêchée de se produire au Hellfest ou de faire les premières parties de groupes aussi prestigieux que Metallica, Guns N' Roses ou The Red Hot Chili Peppers.
Le titre de l’album le suggère : le metal avant tout ! L’ouverture en fanfare sur 'From Me To U’ largue une bombe metal mâtinée d'indus associé à un chant ensorceleur, aux growls de Poppy (Moriah Rose Pereira, auteure-compositrice-interprète, danseuse, actrice et vidéaste américaine) et quelques discrètes interventions de Pong (responsable de quelques albums d’un hip hop / rap japonais). Essai transformé, montrant Babymetal dans ce que les Japonais savent faire le mieux. Avec la qualité de leurs arrangements, ’Sunset Kiss' et ‘Algorism' font preuve d'un bel équilibre entre pop et heavy metal (avec un sacré solo de guitare). Le chant est toujours hyperactif et vertigineux, s'aventurant vers de nouvelles contrées (le mystérieux 'KxAxWxAxIxI' avec de courtes séquences rap). L'ultime titre est un prototype de heavy metal classique qui pourrait réconcilier le groupe avec les fans du genre.
Comme à son habitude, Babymetal s'est entouré d'invités. L'ouverture est généralement un bon signe, comme le prouve le déjanté et lourd 'Metal' réalisé en compagnie de Tom Morello, mais ces interventions extérieures tendent à éloigner radicalement le groupe de son propos, lui faisant perdre quelque peu sa singularité : les interventions vocales d'Electric Callboy (metalcore allemand) auraient davantage leur place chez Justin Timberlake, le growl de 'Song 3' s'éternise et s’écarte un peu du sujet, et 'My Queen' aussi réussie soit-elle, ressemble un peu trop à la couleur de ses invités (Spiritbox, groupe canadien de heavy metal).
La durée de 35 minutes permet de ne pas s’éparpiller inutilement comme c'était le cas sur les précédents albums. Il faudrait sans doute revoir la formule et recentrer le propos sur les trois chanteuses et le Kami Band car c’est en ouvrant trop de perspectives que l'on finit par se fermer des portes. Et Babymetal n’a plus rien à démontrer. Ne boudons pas notre plaisir, l'écoute de cet album reste conseillée à tous ceux qui savent faire preuve d'ouverture d'esprit et n'enferment pas le metal dans des schémas rigides.