30 ans après leur premier album “Adrenaline”, Deftones tente de montrer avec ce 10e album que le neo metal a encore des choses à dire. L’affaire n’est pas mince puisque la rage juvénile qui les animait dans les années 1990 a fatalement évolué avec les années et le succès. En effet, faire du neo metal à 20 ans avec ses potes dans un garage quand le style est en vogue n’est pas pareil que ranimer un genre désuet la cinquantaine passée assis confortablement sur une pile de disques de platine en attendant la tournée à guichets fermés avant même que l’album ne soit sorti.
Si Deftones s’est rapidement fait une place de choix sur la scène neo metal, c’est surtout parce qu’ils ont su créer leur propre sous-genre en apportant de l’émotion a un style qui en manquait cruellement. La sensibilité du chanteur Chino Moreno, caractéristique majeure de Deftones, y est pour quelque chose, ce qui a d’ailleurs valu au groupe l’étiquette emocore, sachant allier violence et agressivité avec douceur et poésie. On baigne en permanence dans l’oxymore avec Deftones, et c’est pour ça qu’on les aime. Deftones, c’est un peu la hargne de Rage Against the Machine et de Limp Bizkit avec la déprime de Björk et Portishead.
Pour ce dixième opus, Deftones a refait mijoter la recette qui a fait son succès. Ne leur jetons pas la pierre, il est extrêmement difficile et risqué de se réinventer ou de s’aventurer là où on ne nous attend pas. Certains ont d’ailleurs essayé parfois à leurs frais comme Opeth, parfois pour élargir leur nombre d’auditeurs comme Radiohead, Linkin Park, Genesis ou encore Yes. Bref, rien tel avec “Private Music”, puisque Deftones reprend les mêmes ingrédients qu’à ses débuts, la fraîcheur et l’originalité en moins.
Vous l’avez compris, on les attendait au tournant, et ils sont là dans la file du milieu, sans surprise, à la vitesse autorisée. ‘My Mind is a Mountain’, ‘Locked Club’ et ‘Milk of the Madonna’ font le travail, c’est largement au niveau de ce que sait bien faire Deftones, mais c’est juste déjà-vu hélas, tout comme ‘Infinite Source’ qui ressemble à un auto-plagiat d’une relique du répertoire.
“Private music” est un album dans la zone de confort du groupe, qui ne déroutera pas les fans, ce qui ne empêchera pas ces derniers d’attendre ‘Bored’, ‘7 words’, ’My own Summer’, ‘Be Quiet and Drive’, ou ‘Knife Party’ sur scène pour leur rappeler leur adolescence rebelle.