Z-Cocoon est un power-trio. Ce détail n’est pas anodin car il dit (presque) tout d’un groupe qui va à l’essentiel sans se poser trop de questions. On imagine bien les Canadiens se pointer en tout simplicité, brancher leurs instruments, guitare, basse, batterie et cracher la purée. Sans préliminaire. Décontractés mais bourrus. Leur stoner imbibé de blues crasseux est à l’avenant : rude, velu et qui sent les dessous de bras. Tout un programme !
Mark Zolla tient la barre, la voix de canard enrhumé, le manche poissé d’huile de vidange. Il n’est pas un grand chanteur mais ce type de rock graisseux et débraillé s’accommode très bien de cette défaillance. A ses côtés, ses deux compères bétonnent une section rythmique ad doc, coulée dans le mazout.
Dernier jalon en date d’une discographie bordélique, "Angels" n’est qu’un EP. Trois glaviots en à peine quinze petites minutes, c’est peu et certainement pas suffisant pour voir la cote de Z-Cocoon augmenter, d’autant plus que les Québécois n’y manifestent pas une diversité farouche. L’effort, à sa modeste mesure, n’en est pas moins sympathique. Englué dans un blues rock boueux et déglingué, ‘Dr. Crane’ ne passe jamais la seconde, avec ses relents frelatés de Black Label Society.
Un peu plus remuant et donnant envie de taper du pied, ‘Truth Don’t Matter’ n’est pas sans gras mais n’en manque pas moins d’épaisseur. Titre le plus long du lot avec ses plus de 6 minutes, ‘For My Life’ s’impose aussi – et surtout – comme le plus doom et donc le plus jouissif. Malsain et rampant, il s’enfonce pesamment dans les eaux troubles des Bayous, la gratte vicieuse, la rythmique engourdie par une moiteur crépusculaire. Du coup, le groupe serait inspiré de creuser davantage ce sillon marécageux qui sied bien à sa désinvolture renfrognée.
Petite bestiole peut-être, "Angels" témoigne que Z-Cocoon demeure le solide artisan d’un stoner rock bluesy trapu et sans fioriture.