WALTER TROUT: Sign Of The Times (BLUES) : avis / chronique à lire sur Music Waves

A 74 ans, le miraculé du blues-rock continue d’enfiler les albums comme des perles. Et à ceux qui pourraient envisager que son âge est une bonne raison pour qu’il lève le pied et qu’il offre des œuvres plus tranquilles, ce "Sign Of The Times" va vite remettre les idées en place comme une vraie claque pourrait le faire. "Broken" nous avait déjà montré que l’optimisme de Walter Trout ne le rendait pas pour autant imperméable aux problèmes et aux angoisses provoqués par notre monde actuel. La livraison de cette fin d’année 2025 reprend, quant à elle, les choses où son prédécesseur les avait laissées deux ans auparavant.

Lancé par un ‘Artificial’ lourd, nerveux, coléreux et au refrain martelé, ce nouvel opus alterne entre pièces sombres et inquiétantes, et éclaircies rappelant que l’artiste revient de loin et qu’il n’oublie pas que la vie peut offrir son lot de miracles et de bonheurs. Néanmoins, la première catégorie est particulièrement bien représentée et le titre introductif est rejoint par quelques diamants aussi obscurs qu’imparables. Coécrit avec son épouse Marie, le titre éponyme est d’une telle lourdeur qu’il vient flirter avec un hard-rock heavy aux effluves desert-rock que les saillies d’un orgue Hammond et des soli rutilants viennent parfois déchirer. Rappelant les embardées heavy-blues-rock d’un Gov’t Mule, ‘No Strings Attached’ est lui aussi crénelé d’interventions guitaristiques incandescentes. Enfin, ‘Struggle To Believe’ fait office d’explosion finale, puissant et incisif, interrompant son gros rock énergique le temps d’un pont et d’un solo dantesques.

Il ne faudrait néanmoins pas laisser croire ici que l’ancien de Canned Heat et des Bluesbreakers de John Mayall a sombré dans des abysses dignes du plus profond des doom-metal. Le survivant d’Ocean City a des raisons de traduire une inquiétude partagée par nombre de ses congénères face à la folie du monde actuel, mais il n’en est pas pour autant devenu aveugle aux beautés que la vie nous offre régulièrement. Il n’hésite ainsi pas à rendre hommage à sa douce et tendre le temps d’un délicat et apaisant ‘Mona Lisa Smile’ aux effluves country-folk. Et s’il reste un véritable bluesman, il sait également s’aventurer sur les highways d’un rock US enthousiasmant, évoquant une autre légende du New Jersey avec un ‘I Remember’ très springsteenien, ou laissant deviner un Bob Seger ou un Tom Petty sur le mélodique ‘Hurt No More’.

Plus ténébreux que ses prédécesseurs mais sachant retrouver la clarté dans sa variété, "Sign Of The Times" est un nouveau témoignage d’un Walter Trout dont la reconnaissance n’a pas altéré la conscience de la société qui l’entoure. Aussi bien lanceur d’alerte que prêcheur d’espoir, il assène une nouvelle démonstration de son talent et de son énergie. Les épreuves de son existence n’ont jamais pu détériorer le premier et ont amplifié la seconde pour faire de cet artiste un symbole de résilience aussi attachant qu’enthousiasmant.

WALTER TROUT

SIGN OF THE TIMES

MASCOT LABEL GROUP

BLUES