" On n'apprend pas à un vieux singe à faire la grimace!". Telle pourrait être la devise de JK Northrup dont l'absence de notoriété en France contraste avec le C.V. ultra rempli de l'artiste.
Loin d'être une référence du genre, le guitariste compositeur américain n'est cependant pas un néophyte en la matière. En témoignent 25 années de carrière au service de spots, de séries télé, et d'artistes de renom, guidées par un goût prononcé pour le hard US comme tout bon yankee qui se respecte !
Pour son deuxième album personnel (après l'éponyme de 2001) JK Northrup a choisi de s'entourer de nombreux chanteurs avec lesquels il a eu l'occasion de collaborer dans le passé.
Il garde malgré tout la main mise sur son oeuvre en assurant personnellement l'écriture, la guitare et la basse sur tous les titres, mais également la production et le mixage.
La partie n'était pas gagnée d'avance, surtout sur un territoire qui compte autant de gratteux virtuoses que de Mac donalds... Cependant, mister Northrup tire son épingle du jeu en livrant un album varié, coloré (de tons majoritairement noirs quand même...) et choral. Les onze compos se suivent et ne se ressemblent pas, tout en restant fidèles à une cohésion musicale heavy, et ne trahissant pas ce qu'attendent les fans et nouveaux auditeurs.
Le guitariste fait ainsi virevolter ses notes électriques aux cotés de Johnny Edwards ( Foreigner ) pour un "wired in my skin" classique au mid tempo et au refrain accrocheurs et sans surprise. Il calme ensuite le jeu avec Kelly Keeling (Blue Murder) sur "Big blue sky", sympathique morceau psychédélique et connoté seventies. C'est ensuite au tour de l'ex chanteur de Danger-danger (Ted Poley), grande référence du FM des années 80, d'accompagner le guitariste sur "Perfect imperfection", compo la plus rapide de l'album, et probablement la plus entraînante...
Le méconnu David Zaragoza s'attaque quant à lui à "Cemented Eyes", titre néo-rock bien interprété mais à tendance obscure...comme la plupart des titres d'ailleurs. Et c'est là le véritable talon d'Achille de l'album qui pêche par une orientation musicale crépusculaire aux antipodes du happy rock et des joies du hard FM.
Les trois instrumentales "Black moon", "Mark my territory" et "Metamorphosis" enfoncent le clou en jouant sur des rythmiques saturées, proches du néo métal, voire de l'expérimental (à la Pettrucci ) mais n'excluent pas d'excellents solos parfaitement maîtrisés, pour le plus grand bonheur des férus de six cordes.
De cet univers torturé jaillissent tout de même deux lumineuses ballades (la power-ballade "the road" et l'acoustique "If i were James Taylor" ), classiques mais efficaces et jamais niaises.
Sans avoir la fougue d'un Paul Gilbert ou d'un Ted Nugent, JK Northrup parvient à nous surprendre, à se diversifier et au final à pondre un album tout à fait respectable en bousculant les habitudes bon-enfant chères aux nostalgiques des années 80. Il ne manque juste q’un peu de bonne humeur ou d'autodérision et l'essai sera transformé. Avis aux amateurs…