RICK WAKEMAN: Melancholia (ROCK PROGRESSIF) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Le nom de Rick Wakeman, l'ancien fringant claviériste de Yes, a plus souvent fait l'objet de critiques que de compliments. Les progueux purs et durs associent son nom à celui de son regretté collègue Keith Emerson comme responsables de la perte de popularité du rock progressif au milieu des années 1970. Certes, certains de ses albums mettaient en avant des concepts époustouflants avec des narrations barbantes et des chœurs exubérants (ne le cachons pas "The Myths And The Legends Of King Arthur" n'est pas une réussite, Rick Wakeman avait corrige le tir sur l'excellent "Return To The Centre Of The Earth"). Il serait cependant bien dommage de tourner le dos à une discographie pléthorique et diversifiée au cours de laquelle il s'est laissé tenter par différentes aventures. Sa personnalité est également attachante, lui qui a plusieurs fois vu la mort en face et qui s'affiche comme un mélange de rigueur et d'auto-dérision. Son précédent album "A Gallery Of The Imagination" l'avait aiguillé sur une la voie de chansons pop/rock, évoquant parfois le charme oldfieldien des morceaux chantés de "Crises".

Pour autant, Rick Wakeman a décidé de ne pas nous faire retomber dans les appas du chant féminin et ce "Melancholia" (le compte a été perdu depuis longtemps mais nous approchons des 90 albums) penche plutôt vers ses "Piano Portraits" et "Piano Odyssey" en nous présentant de longues escapades en solitaire sur son piano Steinway. De part son aspect contemplatif privé de platitude, 'Sitting At The Window' nous conduit tout de suite dans le vif du sujet. On entend souvent sourdre le reproche que la musique de Rick Wakeman est dénuée d'émotion, cette critique n'a pas lieu d’être ici : l'introspection et la sensibilité y sont de mise. Si 'Alone' et le titre éponyme se font un peu plus graves, 'The Morning Light' joue sur une note plus enjouée. Le sommet de l'album est atteint par un 'Garo' sophistiqué qui emporte l'adhésion.

Néanmoins, si l'aspect apaisant et apaisé de cette entreprise n'est pas à prendre à la légère, l'ennui vient parfois pointer le bout de son nez rubicond. Les pistes s'enchaînent de manière fluide et peuvent, revers de la médaille, donner la (pas toujours fausse) impression que la même piste est diffusée en boucle. S'il s'agit dans tous les cas d'un bon album, "Melancholia" aurait gagné à reprendre la formule du précédent album en lui offrant le souffle progressif de "The Red Planet".

Qu’à cela ne tienne, "Melancolia" possède une certaine force malgré les griefs exposés plus tôt. Oubliez tous les quolibets et foncez plonger dans la discographie copieuse mais généreuse de ce grand touche-à-tout de la musique moderne.

RICK WAKEMAN

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