ARTISTE:

DREAM THEATER

(ETATS UNIS)
TITRE:

SYSTEMATIC CHAOS

(2007)
LABEL:

ROADRUNNER RECORDS

GENRE:

METAL PROGRESSIF

TAGS:
Fusion, Technique
"Mise à part la faiblesse relative du titre « Forsaken », cet album est absolument fabuleux."
MEGADAVE (11.06.2007)  
4/5
(7) Avis des lecteurs (0) commentaire(s)

Avec « Systematic Chaos », Dream Theater, que l’on se passe tout de même de présenter, signe ici son dixième album studio (si l’on considère que « A change of Season » est un album studio), le cinquième avec le line-up actuel (en effet, l’apport de Jordan Rudess est indéniable) ainsi que le premier sur leur nouveau label Roadrunner. Ne comptons pas les productions live, DVD et autres nombreuses productions solo et collaborations diverses : Au total, cela doit faire un sacré nombre de productions phonographiques dont il doit être difficile de faire le compte. Du coup, ce groupe légendaire, on ne peut plus prolifique, commence à faire figure de dinosaure (malgré leurs efforts faits pour garder la « jeune attitude » en se tenant à la page côté look) sur une scène métal prog de plus en plus encombrée : On peut donc se demander si le tout ne commencerait pas à s’essouffler…

La réponse est vite donnée dès que l’on entend les premières secondes de l’album. C’est du lourd, du très lourd. Il faudra plusieurs écoutes pour digérer et assimiler l’ensemble des deux milliards de notes débitées sur cette galette remplie à ras bord, mais la première impression est résolument la bonne : ces gars là ne sont pas des manchots (s’il était nécessaire de le préciser) et ils ne semblent ni connaître la fatigue ni la panne de créativité.

Force est de constater que ce groupe phare, qui a su chambouler le paysage musical du prog - car tout le monde s’accordera sur le fait qu’il y a bien un « avant Image and words » et un « après Image and Words » - continue à être au top. Copié mais jamais égalé, rares sont les groupes marchant sur leurs traces qui arrivent à mêler avec autant de talent, technicité et mélodicité. Le jeu est hyper technique mais jamais froid : là où certains clones de ce groupe en feront des tonnes sans que cela ne sonne, la bande à Portnoy est capable d’en faire tout autant, avec plus de facilité et sans qu’il n’y ait une seule note à enlever au final.

« Systematic Chaos » se caractérise dans sa globalité par une ambiance sombre, dramatique par moments et résolument heavy. Dès le début, ça démarre fort… « In the Presence of Enemies » est un diptyque qui ouvre et ferme l’album… Celui-ci gagne d’ailleurs à être écouté de façon enchaînée car les transitions entre les deux morceaux (sur fond de vent soufflant) rendent l’écoute liée possible et absolument cohérente : ce qui donne une autre perspective d’écoute de cette suite dans son entièreté pour une durée de plus de 25 minutes. Magnifique !

Cette première partie de « In the Presence of Enemies » aurait pu figurer sur un album du projet « Liquid Tension Experiment » car on assiste à cinq minutes d’ouverture instrumentale qui nous laissent présager des meilleurs augures pour la suite. Un doublé guitare/claviers à la fin du morceau sert magistralement de signature de ce que le couple Petrucci/Rudess sait faire de mieux.

« Forsaken » démarre ensuite sur une ligne de piano légèrement angoissante avant de déraper sur un gros riff très heavy qui vient mourir sur une ligne de basse permettant à Labrie de placer toute l’expressivité de son chant… Si, musicalement, nous avons affaire à un très bon morceau faisant office de ballade heavy, il reste le morceau le plus faible de l’album à cause d’un refrain fort peu original sonnant de façon trop mièvre avec des nappes de synthé/violons en fond…

Heureusement, « Constant Motion » embraye à fond les manettes avec un pur riff dont Petrucci a le secret, servi par une section rythmique toujours impeccable sur laquelle Portnoy se fait toujours plaisir par quelques roulements de double grosse caisse. Le débit vocal des couplets ne sera pas sans rappeler « The Glass Prison » de 6DOIT. C’est un morceau qui est dans le même esprit : riffs qui tuent, refrain entêtant, passage instrumental de folie.

Alors qu’on ne s’est pas encore relevé du précédent morceau, « The Dark Eternal Night » vient nous asséner un nouveau coup de grâce avec ses breaks de folie très heavy et les slaps très bien sentis de Myung qui ponctuent efficacement les rythmiques assassines de son copain Petrucci. Portnoy intervient un peu plus que d’habitude au chant. Sur ce titre, il double très énergiquement le chant de Labrie, donnant un côté agressif à des couplets hyper dynamiques grâce notamment à des effets de distorsion. Les passages instrumentaux de ce titre sont à tomber par terre : on y trouve d’ailleurs des passages très prog, des parties arabisantes et même une petite intervention à la façon cartoon/jingle de Rudess (comme à son habitude) : chacun dit ce qu’il a à dire sur un rythme effréné de double grosse caisse.

Après un tel débit de notes, « Repentance » nous propose un peu de repos cardiaque. Comme dans la plupart des albums de Dream Theater, on trouve souvent un petit passage faisant référence à une ligne mélodique d’un album précédent. C’est donc ce titre qui s’y colle en ouvrant sur une variante de la ligne mélodique du titre « This Dying Soul » tiré de l’album « Train of Thought » : « Hello mirror, so glad to see you my friend, it’s been a while… ». En fait, depuis 6DOIT, Portnoy réalise une suite qu’il incrémente à chaque album et « Repentance » en est ainsi le quatrième acte (les trois premiers étant « The Glass Prison », « This Dying Soul » et « The Root Of All Evil » : la suite complète devrait traiter des 12 étapes du programme des Alcooliques Anonymes). Les solos de Petrucci y sont purement mélodiques, débordant d’expressivité avec des accents floydiens, s’alternant avec des nappes de claviers faisant la part belle aux chœurs… De toute beauté !

« Prophet Of War » démarre à la manière d’un morceau de Muse, à la fois dans la ligne vocale et dans les claviers : cette influence est effectivement notable depuis Octavarium, notamment sur le titre « Never Enough ». Ce titre est très puissant avec un refrain qui vous martèle le cerveau à renfort de chœurs légèrement « Queenesques » par moments et de grands cris de fans en délire qui accentuent le riff.

« The Ministry of Souls » est une longue pièce qui nous traîne sur une longue ouverture à la guitare acoustique sur laquelle Labrie brille par l’émotivité de son chant et la beauté de ses lignes vocales, non sans rappeler le magnifique titre « Octavarium » dans sa partie suivant l’introduction au « Keyboard Continuum ». C’est un titre épique typique de Dream Theater qui mélange le côté mélancolique aux passages instrumentaux les plus sauvages qui s’expriment dans la deuxième partie du morceau (ça fait toujours aussi peur au niveau de la mise en place !!!) avant de revenir au thème principal vers la fin qui se solde par un solo très estampillé Petrucci… Que c’est bon.

On termine par la deuxième partie de « In The Presence Of Enemies » qui démarre sur une mélodie de piano encore une fois légèrement oppressante et dramatique (par l’ajout de petits effets bien placés mettant la mélodie sous tension)… L’histoire d’un homme sous l’emprise du mal… Un refrain bien lourd : « Dark Master… I will fight for you… ». Terrible !!! Faut-il souligner que les parties instrumentales sont terrifiantes ? Notons cependant que cette seconde partie de « In The Presence of Enemies » présente, selon moi, un meilleur équilibre entre instrumental et chant, par rapport à la première.

Mise à part la faiblesse relative du titre « Forsaken », cet album est absolument fabuleux. Ce qu’on pourrait tout de même reprocher à un groupe référence tel que Dream Theater, c’est peut être de ne pas prendre le risque de tracer une nouvelle voie dans le métal prog. Cet album ne marque pas une franche progression du groupe (même s’il est excellent). On est toujours dans la même marque de fabrique du groupe, fidèles qu’ils sont à leur fanbase. Cela reste du Dream Theater et ça se reconnaît de suite ! On peut donc continuer à attendre le renouveau du métal prog… Mais bon, en faut-il un lorsque l’on voit que ce genre musical est encore capable de produire autant de qualité ? A se procurer rapidement et à écouter absolument

Il est à noter que l’édition spéciale dispose d’un DVD avec le making-of réalisé par Mike Portnoy ainsi que l’album en 5.1


Plus d'information sur http://www.dreamtheater.net





LISTE DES PISTES:
01. In The Presence Of Enemies Pt.1 - 9:00
02. Forsaken - 5:36
03. Constant Motion - 6:55
04. The Dark Eternal Night - 8:51
05. Repentance - 10:43
06. Prophets Of War - 6:01
07. The Ministry Of Lost Souls - 14:57
08. In The Presence Of Enemies Pt.2 - 16:38

FORMATION:
James Labrie: Chant
John Myung: Basse
John Petrucci: Guitares
Jordan Rudess: Claviers
Mike Portnoy: Batterie
   
(7) AVIS DES LECTEURS    
MALENTRAIDE
28/02/2015
144
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4/5
Un album que j'apprécie beaucoup pour l'épique In the presence of ennemies même si on y voit déjà poindre le manque d'émulsion entre passages techniques saccadés et passages très emphatiques et mélodiques (je pense au milieu de la partie 2). Prophets of war est agréable même s'il s'agit d'une démonstration que DT peut faire du Muse. Personnellement, j'apprécie The Dark eternal night mais je trouve qu'il fait plus ou moins doublon dans son positionnement de l'album avec constant motion. Repentance est quant à lui insipide, et The ministry of lost souls est une variation (sans variation à vrai dire) sur un thème pas désagréable mais mal servi par des paroles mièvres.

Néanmoins, je considère qu'un album dont l'épique est une réussite est une réussite.

NIURK
23/02/2009
  0 0  
4/5
J'aime, j'aime moins, j'aime pas !

J'aime : le nouvel épique dans un nouveau style (qu'on ne vienne pas me dire qu'il ressemble à A Change of Season ou Octavarium !). Repentance, car c'est la preuve en Images & Words que le groupe sait encore évoluer et prendre des risques. The Dark Eternal Knight pour sa sauvagerie saine et pourtant totalement folle. Les montées de The ministry of lost souls et son aspect émotionnel qui me touche.

J'aime moins : la grandiloquence de ce même Ministry qui n'en finit plus de dégouliner là où un peu de sobriété aurait été gage d'une qualité accrue. Constant motion qui tombe à plat face à un Panic Attack et qui à mon sens ne décolle pas assez au moment du refrain. Prophets of war que j'aime... mais ne retiens pas ! Et Forsaken : derrière I Walk Beside You il y avait un hommage, derrière You not Me ou Burning my Soul, il y avait une logique (mauvaise, mais présente !)... là c'est un morceau qui a le cul entre 2 chaises sans raison apparente...

J'aime pas : ... ah bah zut y a plus rien :-p !

TOPPROG
10/05/2008
360
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4/5
Métal ou prog ? Métal et prog ? Prog-métal ? La question est souvent posée à propos de ce groupe. Ambiguïté bien entretenue par le groupe lui-même qui d’un côté rend hommage à la planète prog dans Octavarium, invite des musiciens prog ici et d’un autre côté signe sur le label métal Roadrunner……. Peut-être que ce débat n’a pas lieu d’être ou qu’il a simplement lieu en France où on aime mieux étiqueter que les anglo-saxons. Les genres sont peut-être aussi moins tranchés que dans les années 70…

Pour ma part, je pense qu’un disque avec tous les ingrédients métal occupant grosso modo 70% du contenu reste absolument rédhibitoire pour ceux qui n’aiment pas ce genre. C’est le cas des disques de Dream Theater depuis pas mal de temps, et avec ce nouvel opus on peut même dire que « ça tape » souvent très fort
(« Forsaken , « Constant Motion », « The Dark Eternal Night »).

Mais force est de reconnaître que ce groupe reste au-dessus du lot dans le genre et, si on est loin de Pendragon (mais ce n’est pas ce qu’on attend d’eux) on est aussi loin de Motorhead !

Au-dessus du lot grâce notamment à ses deux leaders.

Il est probable que Mike Portnoy soit un des 4 ou 5 meilleurs batteurs de la planète rock, et ce qu’il fait sur ce disque place la barre très haut pour les autres batteurs (final de "The ministery of lost soul"). Une écoute du disque centrée rien que sur la batterie reste décoiffante ! Il chante aussi un peu, sans démériter.

John Petrucci est hallucinant sur les rythmiques saturées et on trouve de beaux solos aériens ("In the presence of enemies, part 1", "Repentance"), trop rares (mais le long solo de guitare ne semble plus à la mode …) et d’autre solos dans un style plus personnel à la vitesse époustouflante. Je dirais que parfois son phrasé supersonique mais en même temps très coulé, très fluide, en allers et retours le long du manche, où chaque note s’entend, ressemble au
« cisaillement dans la matière » du maître Hackett (solo à la fin de la partie instrumentale de « The dark Eternal Night"). Et aussi quelques rares et beaux arpèges à la guitare acoustique ("The ministery of lost soul").

Les claviers de Jordan Rudess sont très présents même dans les morceaux les plus hard (pour cela, on est loin de "Train on through"). On peut dire que sa touche personnelle participe au son global du groupe assez immédiatement reconnaissable (le magnifique « The ministry of soul », pour moi le meilleur titre du disque). Il a finalement des sons de synthés qui collent bien au genre, ce qui n’est pas toujours évident, sans tomber dans une bouillie pseudo symphonique ou gothique.

John Myung n’est pas Chris Squire ni même Steve Harris pour l’inspiration et son jeu me paraît manquer d’imagination (pas de mélodie propre à la basse) même si la technique est irréprochable et la basse mieux enregistrée que précédemment.

Quand à James Labrie, c’est l’archétype du costaud chevelu moustachu à la voix haut perchée, il chante de mieux en mieux avec beaucoup de sensibilité, aussi bien dans les passages calmes que les passages hard. Il participe fortement au grand pouvoir mélodique de l’ensemble.

Tout cela fait que ce groupe peut aussi dérouter les amateurs de métal « pur et dur » par la complexité de la construction des morceaux, ce qui donne un côté cérébral (prog ?) au discours : ruptures de rythme fréquentes, tempos tertiaires, contretemps, syncopes en tout genres, impulsions phénoménales.. etc……. Bref peu de place aux morceaux linéaires dans le style « pop song ». Finalement, entrer dans le monde de Dream Theater n’est pas aussi facile qu’il y paraît et le disque demande de nombreuses écoutes, même si tout paraît bien plus cohérent et homogène que dans le pourtant excellent « Octavarium ». Avec un son que je qualifierai de « moderne », mais pas outrageusement « américain FM ».

Une musique réfléchie et exigeante (le DVD du « make of » est assez instructif sur le niveau d’exigence des musiciens). Il n’y a pas QUE de la technique et globalement dans ce disque les passages de pure démonstration technique sont rares voire inexistants.

Dans « Systematic chaos » il n’y a pas de morceaux faibles contrairement à « Octavarium » (« the answer lies within », « I walk beside you », même si on trouve par-ci par-là quelques longueurs (la fin de « Repentance » et quelques riffs déjà entendus dans certains de leurs disques précédents (« In the presence of enemies, part 2"). D’ailleurs la scission de ce morceau de 25 minutes en deux parties en début et fin de disque est surprenante tant les thèmes s’enchaînent bien et que l’intensité monte au fil du morceau(à écouter d’une traite). Les 78 minutes du disque passent finalement très vite.

A mon avis leur meilleur disque depuis la référence admise de « Metropolis, part 2, scenes of a memory » (1999). Cet opus n’a peut-être pas la puissance d’un concept album mais est peut-être encore plus riche en mélodies, en tout cas le final majestueux est bien meilleur ici.

Rien de bien nouveau donc dans le fond, mais finalement qu’attend on de plus de Dream Theater ? Qu’ils fassent du Dream Theater, et ici ils le font très bien.

Alors prog ou métal… vous avez compris que moi, j’aime



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