Il existe au moins une bonne raison (mais ce n’est pas la seule) de s’intéresser à Skräcken : le groupe marque le retour de Sofie-Lee Johansson. Depuis "Exterminator" (2017), deuxième et ultime album de Night Viper dont le guitariste Tom Sutton (ex beaucoup de choses : Horisont, Church Of Misery...) tenait les commandes, nous étions malheureusement sans nouvelle de cette véritable prêtresse du heavy metal. Pouvoir enfin l’entendre poser sa voix, à la fois puissante et mélancolique, sur un nouveau disque suffit déjà ainsi à augmenter la valeur ajoutée de ce jeune quatuor suédois où elle est par ailleurs bien accompagnée par le bassiste de Dead Lord (et ex Lucifer) Martin Nordin à la guitare. Après un petit EP ("The Presence") il y a trois ans au goût de trop peu (forcément) mais cependant prometteur, "Echoes From The Void" est donc l’album qu’on attendait tous depuis trop longtemps.
Comme les titres de ses offrandes et leur pochette le suggèrent, Skräcken développe un thème fantastique né de l’apparition d’une vieille dame du XVIIIème siècle lors d’une paralysie du sommeil, ce qui dicte au groupe un univers chargé de mystères, une atmosphère fantomatique qui forment l’écrin idéal pour les lignes vocales de Sofie-Lee, aussi hantées que tragiques. En effet, contrairement à nombre de metal queens qui s’époumonent, souvent non sans excès d’ailleurs, la Scandinave met avant tout l’accent sur l’émotion et une mélancolie certaine qui ne lui interdisent toutefois pas une force incontestable. Il va sans dire que "Echoes From The Void" lui doit beaucoup, elle en est la clé de voûte, séduisante et dramatique, acérée et ténébreuse. Sa présence empreinte d’un gothique victorien infuse des chansons dont les traits rampants (‘By His Word’) les arriment davantage à un hard rock occulte aux soubassements doom qu’au pur heavy metal.
Malgré de rares saillies un peu plus rapides sinon accrocheuses (‘Sweet Silence), quoique toujours fardées de tristesse (‘House Of Greed’), l’ensemble privilégie les ambiances sombres, les atours lancinants qui le poussent même, le temps du terminal ‘Wasteland’ et ses presque neuf minutes au compteur, sur une sente quasi progressive, du plus tragique effet. La performance de Sofie-Lee y est bouleversante, comme sur tout le reste de l’album. Ses compagnons ne sont néanmoins pas en reste, lesquels abattent un superbe travail, tant en termes d’harmonies, de mélodies ou de rythmique du feu de dieu, ce dont témoigne parfaitement un titre tel que ‘Witch’, d’une délicatesse lancinante.
Sombre et raffiné, "Echoes From The Void" se montre à la hauteur des promesses suscitées par la présence de la remarquable chanteuse Sofie-Lee Johansson qui en incarne l’arc-boutant émotionnel et habité. Vivement la suite !