Stellar Circuits a beau fêter ses dix ans cette année, il fait partie de ces jeunes groupes influencés par tellement de musiques contemporaines qu’il en devient difficile de savoir si on a affaire à du metal prog, du metal alt, de l’emo core ou que sais-je encore ? Après tout, qui a dit que la musique était supposée rester dans ses frontières ? Seul l'ego humain l'empêche vraiment de transcender les styles, mais tant que ça groove, on devrait se réjouir de voir la créativité dépasser les bornes.
Une fois qu’on a accepté que "Phantom : : Phoenix" ne rentrait dans aucune case, on savoure mieux l’expérience. Car Stellar Circuits nous propose une vraie expérience aux confins de tout ce que le metal moderne peut offrir : riffs violents, rythmes syncopés, hurlements suivis de nappés de voix douces, plans atmosphériques enchâssés dans un cadre plus brutal. Bref, si on manque parfois de repères, on ne s’ennuie pas une seconde. Mais ce qui est un atout est aussi un point faible puisque l’album nécessite une bonne dose de concentration et passe assez mal en simple toile de fond.
L’esprit de l’album est bien canalisé dans le premier morceau ‘I See your Spirit’, écrit après que le chanteur Ben Beddick ait failli périr en pleine nuit dans sa maison en flammes. Cela donne une idée de l’état d’esprit dans lequel le groupe était pour composer "Phantom : : Phoenix". En substance, l’album explore des thèmes de la transformation, la perte, la renaissance. Selon Ben Beddick, l’idée était de tuer ce qui ne sert plus pour renaître, tel un phénix.
‘Bury the Ashes’ ne laisse pas indifférent non plus. Véritable pierre angulaire de l’album, il met en exergue ce que Stellar Circuits fait de mieux : bien contenir l’énergie jusqu’à la faire jaillir tout en maîtrise.
Certains apprécieront l’équilibre des genres, et la possibilité de reprendre son souffle après l’orage, tandis que d’autres regretteront la retenue du groupe, contenant parfois une brutalité impatiente de s'exprimer, chose qu’ils ne faisaient pas sur les précédents albums. Signe de maturité, de sagesse ou plutôt de vieillesse ? Chacun trouvera sa réponse.
Cela étant dit, cet album est profond et une invitation sincère à l’introspection. Il convient donc de saluer l’effort du groupe et la prise de risque qui pourrait déstabiliser l’auditeur. Peut-être que "Phantom : : Phoenix" marque un tournant dans la carrière de Stellar Circuits, auquel cas l’album mérite une attention particulière.