Dans la série : « Ma fiche-cuisine du jour », voici la recette la plus efficace pour faire un très bon disque de AOR :
Prendre un multi-instrumentiste-producteur de renom ayant pas moins de mille albums à son crédit, Tommy Denander. Mélanger avec un des chanteurs de hard mélodique les plus doués de sa génération, ayant sévit dans de nombreux projets dont « Isolation » de Toto, Dennis « Fergie » Frederiksen. Faire reposer la préparation dans un label très en vogue dans le rock mélodique, Frontiers Records. Laisser mijoter à feu doux et servir bien chaud. Vous obtiendrez un délicieux met nommé « Baptism On Fire ».
Deux ans après leur dernière collaboration pour l’album « Taken » au sein de Radioactive, nos deux protagonistes remettent le couvert avec un projet moins « réunion de potes » que pour le disque précédemment cité ( pas moins d’une quarantaine de noms pour le line-up de « Taken »!). En effet, on retrouve « seulement » Eric Z.Daniel à la batterie, Fergie Frederiksen au chant et Tommy Denander pour le reste. Fergie s’est quand même entouré de beaux noms pour l’écriture des textes, à commencer par Jim Peterik le leader de l’excellent Pride Of Lions.
C’est avec un très bon « Let Him Go » que débute le festin. On est en terrain connu. Le style Denander est bien là, la production est très bonne, grâce notamment au mixage de Dennis Ward et le plaisir d’entendre le timbre de Fergie est intact. L’apport du clavier vient légèrement épicer la musique sans en dénaturer la fraîcheur (« Wright Heart, Wrong Time », « Silver Lining »). Les chorus sont excellents, même si un peu trop typé Toto.
On retrouve cette influence majeure de Denander un peu partout dans le disque mais surtout dans deux des meilleurs morceaux que sont « Never Try to Love Agin» et « Left with Nothing ». Les solos sont bons, pas trop démonstratifs. Là encore, l’influence du guitariste à la Luke est présente (« Baptism By Fire », « Written In Stone »…).
Les morceaux sont très variés au niveau des thèmes. De la mort à l’amour en passant par une chanson en hommage aux pères respectifs de Tommy et Fergie (« Baptism By Fire »), cet album est le fruit d’une intime collaboration et l’énergie et la passion qu’ils ont mis à l’œuvre se ressentent aux fils des écoutes, à l’image du très rythmé « Keep A Light On ». Les titres sont relativement courts pour un maximum d’efficacité. Pas de fioritures, aucun temps mort, aucune baisse de régime ne se fait sentir dans la qualité des morceaux. Les mélodies et les refrains rentrent facilement en tête et vous suivent toute la journée (un peu comme le « Petit Bonhomme En Mousse »… ).
Bizarrement aucune ballade à l’horizon, fait assez rare dans un disque de AOR pour être signalé. C’est pourtant une des grandes qualités des groupes de AOR que de composer ( parfois à outrance) de bonnes ballades bien mièvres. Vu la qualité du disque, la présence d’une ballade aurait été, à coup sûr, une réussite. C’est peut-être aussi le signe que le disque correspond vraiment aux attentes de Tommy et Fergie ( et du label ?) car ils ne sont pas sentis obligés d’en intégrer une ou deux pour « remplir » le disque.
Comme dirait l’autre, « C’est fin ; ça se mange sans faim ». C’est même de la nourriture de champion : pas trop lourde, pas trop sucrée et pas trop grasse. Bref, on peut en abuser sans risquer l’indigestion. Dans cet océan de sorties de disque AOR ( pas toujours de bonne facture, loin s’en faut), « Baptism By Fire » ne réinvente pas le genre mais tire son épingle du jeu et sera à n’en pas douter une des réalisations majeures de cette année. Il ne nous reste plus qu’à vous souhaiter bon appétit.